
Après plusieurs années dans les méandres de l’oubli, La Grotte de S. revient d’entre les morts. Pour ceux qui ne connaissent pas : c'était une rubrique bimestrielle qui passait en revue les sorties Black Metal marquantes. Elle revient faire le même boulot.
Tous les deux mois, vous trouverez ici un récap non exhaustif des albums, EPs et démos qui méritent qu'on s'y attarde. Pas de prétention à couvrir absolument tout ce qui sort - la scène est bien trop prolifique pour ça - mais une sélection de ce qui a retenu l'attention de votre serviteur sur les huit semaines écoulées.
Après la mort de son guitariste Mrok en 2011, et la publication de l’album posthume “Buried”, on pensait Pest enterré pour de bon. Mais le venin du Black Metal coulait encore dans le sang des autres membres, entretenant cette inextinguible flamme. Il aura donc fallu attendre onze années pour que le fantôme ressurgisse. La publication surprise de ce nouvel album a suscité chez votre serviteur un état d’excitation inouï. Emoi qui ne s’est pas tari tout au long de l’écoute, tant les Allemands ont su conserver tous les éléments d’antan, aussi bien au niveau des compositions que dans la production. On retrouve ce son si particulier de Pest, dans les tons tragiques, où l’agressivité et la terreur sont omniprésentes. Aux riffs incisifs répondent les litanies épouvantables du vocaliste. Quelle performance, quelle intensité ! Assurément dans le top 10 de l’année.
Non, le Black Metal norvégien n'est pas mort. La flamme brille encore à Trondheim, épicentre d'une scène foisonnante baptisée Nidrosian Black Metal. Funeral Harvest vient grossir les rangs de ce collectif d'exception aux côtés de Mare, Whoredom Rife, Dark Sonority ou Celestial Bloodshed, partageant avec eux une identité sonore bien reconnaissable.
Des mélodies tragiques, sans concession, instaurent une atmosphère de rituel occulte, hantée par des présences maléfiques que matérialisent des vocaux bestiaux, pénétrés par l'obscurité.
Après une démo et un split convaincant, Rietas a enfin accouché de son premier album studio. Derrière cette entité, un seul homme : Ari XIII, également membre de Curse upon a Prayer. Le natif de Tornio rend hommage à ses terres, la vallée de Torne en Laponie. Au programme, un Black Metal agressif et rugueux, dans la veine de leur compatriotes de Förgjord, avec cette sonorité propre à la scène finlandaise.
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Nostalgiques de la glorieuse époque des 2000, ce nouvel album de White Rune est taillé pour vous. Projet parallèle du duo officiant dans Sielunvihollinen, il vous emmène ici sur les horrifiques terres du Black sympho à l’ancienne, influencées par les premiers Dimmu Borgir, Cradle of Filth ou Nokturnal Mortum, ainsi que les formations plus contemporaines qui entretiennent la flamme d’antan (Vargrav, Faustian Pact…). Les claviers soutiennent les nombreuses mélodies de la guitare, tandis que la voix écorchée sublime l’atmosphère nocturne qui émane des compositions. Une franche réussite.
S’il y a bien un pays peu réputé pour son Black Metal, c’est bien Porto Rico. Loin de l’ambiance cocotiers et eaux turquoises, Thäurnox a sorti sa première démo sous la bannière du collectif de The Black Candles. Bien que n’atteignant pas le quart d’heure, le one-man-band propose un magnifique Black atmosphérique, à la production et aux mélodies qui n’ont rien à envier aux ténors de Scandinavie. On se laisse volontiers transporter par les nappes aériennes, froides et mystiques.
Le Brésil n’est pas particulièrement connu pour son Black Metal atmosphérique. Pourtant c’est bien de cela dont il s’agit ici. “Burning Embers, Forgotten Wolves” est le second album de Matheus Vidor, tête pensante et unique membre de ce projet. Fort d’une production soignée, il embarque l’auditeur vers des explorations poétiques, mélodiques et inspirantes. Tant au niveau des compositions que de la sonorité, on pourrait rapprocher Autrest des ténors du Cascadian Black Metal que sont Panopticon et Wolves in the Throne Room. Une comparaison élogieuse méritée, tant cet album est une invitation au voyage de l’âme.
Fruit de sa seule tête-pensante sobrement surnommée “T”, Nimetön Hauta a publié son second album studio en autoproduction. L’individu nous propose un Black Metal atmosphérique dans la plus pure tradition finlandaise, qu’on pourrait aisément comparer à Kalmankantaja. Des riffs aériens transportant l’auditeur dans les vastes territoires nordiques, entre lacs et forêts.
Les Pays-Bas sont généralement des pourvoyeurs de bonnes formations. Lijkschouwer en fait clairement partie. Les bataves dévoilent ici leur second album, un Black Metal solide lorgnant sur les terres du Death en raison des vocaux gutturaux. Rythme effréné alternant avec des passages plus lourds, riffs incisifs et ambiance permanente qui attire l’auditeur vers les abysses, ce nouvel opus est une réussite totale.
Sorrow en est déjà à son quatrième album en trois années d’existence. Il ne faut guère de temps pour se rendre compte où le Suédois puise son influence. L’âme maladive de Xasthur plane en effet constamment. Les compositions baignent dans un marasme permanent, un marécage poisseux dont il est difficile de se dépêtrer. L’individu use de dissonances, noyant ses plaintes torturées dans des nappes de claviers fantomatiques. Ici rien de novateur, mais de quoi attiser la curiosité des amateurs de la scène DSBM période 2000’.
Voilà une expérience musicale peu commune. Le second album du one-man-band français nous emmène sur un terrain chaotique en apparence, mais où chaque note ne doit rien au hasard. Grandiloquent et orchestral, son Black Metal repousse encore un peu plus les limites de l’extrême. C’est asphyxiant et oppressant, à la croisée d’un NKVD et Akhlys.
Formé par des membres live d’Afsky, Sunken montre tout le regain d’intérêt que représente la scène danoise ces dernières années. Les quatre monolithes constituant leur nouvel album, de plus de 10 minutes chacun, proposent un Black Metal aux riffs totalement aériens. Une musique atmosphérique qui transcende l’âme, fait vagabonder ses pensées.
Pour ce deuxième album, Malakhim s'inscrit dans la droite lignée des maîtres de l'orthodoxie suédoise – Watain, Ondskapt, Valkyrja – et livre un Black Metal aussi solide que dévastateur. La production soignée met remarquablement en valeur la profondeur de l'instrumentation, l'efficacité tranchante des riffs et le relief saisissant des vocaux.
Sans réinventer la formule, le groupe maîtrise parfaitement les codes d'une scène à la sonorité immédiatement identifiable.
Riffs incisifs et ciselés, voix d’outre-tombe et production étouffante, Remains of Ash semble cocher toutes les cases du Finnish Black Metal. Rien de novateur dans le nouvel EP de ce one-man-band, mais ce traditionalisme musical ravira quiconque appréciant la scène finlandaise.
Sept mois seulement après son premier album, le one-man-band parisien Dernier Souffle récidive en ce début d’automne. Cette entité solitaire propose un Black Metal atmosphérique s’adressant directement au cœur de l’auditeur, tant les morceaux baignent dans la mélancolie, la nostalgie et le mystère. Des compositions riches, une production idéale, des vocaux touchants…preuve qu’il existe encore des projets possédant une véritable âme.
Déjà le huitième album studio pour ce groupe australien ayant plus de 20 ans d’exercice au compteur. Le quatuor, à défaut d’offrir de l’originalité, distille un Black Metal solide, à la production soignée.
Grec d'origine, aujourd'hui installé en Norvège, Sarkhildr affiche une productivité impressionnante : trois projets créés et près d'une dizaine de sorties en deux ans seulement. "The Cataclysm of Astral Transmissions", premier album longue durée d'Aftoktonia, l'une de ses trois entités, en témoigne brillamment.
Articulé autour de quatre compositions fleuves, l'opus propose un Black Metal raw, atmosphérique et résolument astral. Les riffs aériens dialoguent avec une rythmique effrénée qui propulse l'auditeur vers d'autres dimensions. Un voyage cosmique d'une intensité rare, quelque part entre Voidsphere, Paysage d'Hiver et Trhä, excusez du peu !
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Pas encore rassasié ? Voici pêle-mêle une liste d'albums dignes d'intérêt. A vous de vous faire votre propre opinion.
LVTHN - The Devil's Bridge [Belgique] : https://lvthn.bandcamp.com/album/the-devils-bridge
ANTABOGA - Ritual Setan : 9 Tahun Pancawara [Malaysie] : https://antabogailmuhitam.bandcamp.com/album/ritual-setan-9-tahun-pancawara
DER WEG EINER FREIHEIT - Innern [Allemagne] : https://derwegeinerfreiheit.bandcamp.com/album/innern
FAUNA - Ochre & Ash [USA] : http://fauna.bandcamp.com/
STERVELING - Sterveling [Pays-Bas] : https://sterveling.bandcamp.com/album/sterveling
TRISTE TAGE - Auf ferner Höhe steht er kahl… [Allemagne] : https://tristetage.bandcamp.com/album/auf-ferner-h-he-steht-er-kahl
AFSKY - Fællesskab [Danemark] : https://afsky.bandcamp.com/album/f-llesskab
ULVEHYRDE - Dødsdømt [Norvège] : https://ulvehyrde.bandcamp.com/album/d-dsd-mt
OUTLAW - Opus Mortis [Brésil] : https://outlaw218.bandcamp.com/album/opus-mortis
SAD - Fullmoon's Bestial Awakening [Grèce] : https://www.youtube.com/watch?v=LEyzwuOtp-8