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Thy Primordial - At The World Of Untrodden Wonder
Chronique par Storm - Publiée le 20/11/2025
Thy Primordial - At The World Of Untrodden Wonder
Note : 4.5/6
Genre : Black Metal Mélodique
Année : 1999
Label : Pulverised Records
Pays : Suède
Durée : 51:03
Tracklist :
1.
For Fires to Burn
04:37
2.
Once on Fortunes Throne
05:43
3.
The Fatal Journey
04:52
4.
At the World of Untrodden Wonder
05:33
5.
Departure - Astray in Spirit
04:41
6.
Amongst the Chosen Lost
06:14
7.
The Burden of Time
04:32
8.
To Ruin and Decay
05:37
9.
My Beloved Darkness
03:52
10.
Revealed Throughout the Ages
05:22

Rien qu’en écoutant le riffing du premier EP des Suédois de THY PRIMORDIAL, "Kristallklar Vinternatt", sorti en 1996, nous pouvons y voir la Suède reluire de toutes parts et dévoiler la singulière identité de son Black Metal forgé par les DISSECTION, SACRAMENTUM, NAGLFAR ou autres UNANIMATED. En nous laissant aller au voyage de ce troisième album – après notamment un "Where Only The Seasons Mark The Paths Of Time" (1997), le premier album des Suédois que je ne peux que vous recommander –, nous ressentons assez clairement, avec encore quelques menues maladresses, la filiation avec d’autres groupes tels que VINTERLAND, SETHERIAL et DAWN. Du reste, Morth, le batteur de THY PRIMORDIAL, a connu l’aventure du superbe "Slaughtersun (Crown Of The Triarchy)", toujours en tant que batteur… et ce n’est pas rien !

Sachez tout de même, en avant-propos, que le groupe a plutôt joué de malchance. Le second album "Under Iskall Trollmåne", enregistré en 1995, a mis plus de trois ans à sortir à cause des errements financiers de son label : Gothic Records. Il était donc initialement le premier LP du groupe. Sa sortie en 1998 a également contrarié celle de l’album qui nous intéresse aujourd’hui, enregistré en 1997 au fameux Sunlight Studio, la Mecque pour un nombre conséquent de groupes qui ont dicté les lettres de noblesse de l’école suédoise. Malheureusement pour THY PRIMORDIAL, l’expérience ne sera pas fructueuse. Tomas Skogsberg, le boss du studio, et Fred Estby (DISMEMBER), l’ingénieur du son, enchaînent les contrats et laissent peu de place au groupe, qui se voit imposer de partager ses sessions d’enregistrement avec deux autres groupes. La quasi-absence et l’indisponibilité du duo à toutes les répétitions malmènent la bonne sérénité du groupe, si bien que Morth, le batteur, déjà rompu à la production, prendra le lead et peaufinera le mix de l’album.

Pourtant, malgré tous ces travers, THY PRIMORDIAL va réussir avec ce "At The World Of Untrodden Wonder" son chef-d’œuvre, ce que le groupe n’admet toujours pas. Mais les fans et les critiques que nous sommes savent très bien que ce troisième album, bien qu’il ne soit pas le dernier (trois autres suivront jusqu’en 2004, date où le groupe se décomposera puis splittera quelques mois plus tard), est l’acmé discographique des Suédois, de par son aura noire et des titres solides injustement méconnus. Plutôt campés dans l’agressivité et les rythmes rapides, les Suédois de THY PRIMORDIAL, à l’instar des SORHIN et SETHERIAL, n’ont jamais dénué d’émotions leurs compositions. Malgré des morceaux énergiques et haineux, le riffing comporte en son sein un grain caractéristique et singulier, assez mélancolique et neigeux. "The Fatal Journey", "Once On Fortunes Throne" sont par exemple des titres qui ne lassent pas, et ce, grâce à des mélodies racées dans le haut du panier de l’école suédoise du Black Metal de l’époque.

"Departure - Astray In Spirit" est également très intéressant, son côté mélodieux, régulièrement giflé par les blasts et le riffing atmosphérique, propose une ambiance à la DAWN assez majestueuse. Et puis, il y a aussi "To Ruin And Decay", qui n’a pas vraiment besoin de jouer des coudes pour nous attirer dans ses bras constricteurs, tant les émotions sont au rendez-vous tout du long du titre. Et "My Beloved Darkness" est également dans cette même veine avec ses vocaux irascibles, un poil trop criards à mon goût et certainement pas les meilleurs de sa catégorie, ses riffs enflammés, ses leads dentelés et entêtants, sa basse audible et grondante, et ses rythmes effrénés… Encore une fois, si l’album peut paraître plutôt long (un peu plus d’une cinquantaine de minutes au total) et comporte quelques longueurs à certains de ses titres ("Amongst The Chosen Lost", "The Burden Of Time"), il reste assez exceptionnel et diffuse encore et toujours son venin éternel gorgé de ténèbres. Album et groupe bien trop ignorés, "At The World Of Untrodden Wonder" ne constitue pourtant pas moins l’expression précieuse et rare de ce qui se faisait de mieux à la fin des années 90. THY PRIMORDIAL, retenez leur nom et écoutez-les, je vous prie ; des Suédois qui ont écrit des titres très riches mais injustement méconnus. À réhabiliter donc.