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Maniac Butcher - Epitaph - The Final Onslaught Of Maniac Butcher
Chronique par Storm - Publiée le 20/11/2025
Maniac Butcher -  Epitaph - The Final Onslaught Of Maniac Butcher
Note : 4/6
Genre : Black Metal
Année : 2000
Label : Pussy God Records
Pays : Tchéquie
Durée : 34:49
Tracklist :
1.
Co dobré pro mne, dobrým jest - toť pravidlem neměnným provázejíc konání mé životem mým povšechným
06:24
2.
Bitva rozhodující v krvi ouspěšně vybojována jest, a tím i toto tažení vojnové zakončení zdárného dosahuje
05:56
3.
Ve stínu Hor Krušných, na březích řeky Oharky, v kraji v tom, nechť po tři dny následující medovina proudem prolévána jest v oslavu našeho vítězství slavného
06:22
4.
Znační mordové se dějí lidu žebravému v kraji Žateckém, neboličto jednomu každému státi se tak, nehyhnutelným zdá se být
05:33
5.
Zkušenost i naučení závěrečné, výhodné k dojití uplatnění přede všemi u králůch, vladařůch, vojvodůch i druhých panovníkůch všelikerých
10:34

En l’an 2000, en composant ce qu’ils pensaient être leur dernier album, les Tchèques atypiques et décomplexés de MANIAC BUTCHER n’imaginaient sans doute pas qu’ils arrêteraient de faire rouiller leurs accoutrements grossiers un de ces quatre. Pourtant, en 2010, le duo culte décide de reprendre les haches et les fléaux d’armes, ou autres faux, pour accoucher d’un ultime méfait (dont je me délecte déjà d’avance de vous chroniquer). Pour les paresseux qui ne souhaiteraient pas lire d’autres chroniques sachez, pour votre gouverne, que MANIAC BUTCHER, à la fin du millénaire, se recentre sur un duo immuable composé d’un chanteur charismatique, Barbarud Hrom, et d’un multi-instrumentiste plutôt talentueux, Vlad Blasphemer, qui a malheureusement passé l’arme à gauche il y a déjà une décade, laissant son fils reprendre le flambeau, pour le moment d’une manière plutôt discrète…

MANIAC BUTCHER est cru jusqu’à l’os. Son Black Metal sans concession est aussi un étendard du refus de l’esthétique de la seconde vague, notamment norvégienne, qu’ils ont d’ailleurs largement critiquée. S’opposant aux dérives gothico-mélodico-atmosphérico-symphonico-vampiriques prégnantes à la seconde moitié des années 90, MANIAC BUTCHER n’a jamais dérogé à conserver ses attributs raw, à ne chanter qu’en tchèque (matez-moi la longueur des titres !), à produire des albums de manière plutôt lo-fi, tout en restant cependant nettement audible, à rester sans compromis et à châtier toutes mélodies superflues. À l’écoute de ce sixième et « ultime » album, il est fort probable que vous pensiez aux premières œuvres des DARKTHRONE, JUDAS ISCARIOT ou autres IMMORTAL. En effet, il y a bien ces mêmes riffs martelés à l’extrême, cette hypnose noire qui progresse, ces rythmiques peu variées, et cette ambiance assez funeste, sauvage, typique de ce genre de Black Metal primitif… plutôt en voie d’extinction.

Car oui, MANIAC BUTCHER sait, plus encore sur cet album, nous proposer une immersion labyrinthique dans un univers certes noirâtre, mais suffisamment accessible pour ne pas être rebuté de but en blanc. Les deux dernières compositions vont se démarquer du reste de l’album. Je vous épargne cependant de les citer, quoique leur traduction vaille le détour. En tout cas, elles expriment aussi les desseins et les tourments guerriers des Tchèques. Ces derniers n’ayant eu de cesse de promouvoir la scène Black Metal de leur pays, pas si malingre que ça, mais bien tapie dans l’underground et surtout méconnue au-delà de leurs frontières. Jamais dans la démesure des blasts, MANIAC BUTCHER aura marqué son époque, non pas que pour ses goûts esthétiques douteux et ses choix de pochette bien foutraques, mais bien pour son attirance pour le Black Metal primaire et son mépris pour le modernisme.

Les amoureux donc du Black d’avant 1995, transis d’amour pour les riffs violents et très saturés, auront de quoi se sustenter. Bien que l’imagerie des Tchèques prête à faire sourire, leur intégrité musicale et la congruence de leurs compositions ne laissent aucun doute sur la passion qui les anime. Ce chant du cygne, qui finalement n’en sera pas un, est aussi une manière pour MANIAC BUTCHER de boucler la boucle de leur jusqu’au-boutisme musical. Ces auto-proclamés barbares n’étaient pas là pour magnifier le Black Metal, ni même le considérer comme un art, non, MANIAC BUTCHER utilisait leur musique pour exhorter le chaos à se diffuser. Très proche, dans le fond comme dans la forme, d’autres groupes tels que BESTIAL WARLUST, MOONBLOOD, MANIAC BUTCHER s’est enraciné, tout du long de son activité, dans une idéologie anti-mode, guerrière et radicalement underground. En refusant les propositions de labels, et en restant volontairement dans la clandestinité, les Tchèques ont su conserver leur authenticité et leur âme aux yeux de la postérité.