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Shape Of Despair - Shades Of...
Chronique par Storm - Publiée le 20/11/2025
Shape Of Despair - Shades Of...
Note : 5/6
Genre : Funeral Doom Atmosphérique
Année : 2000
Label : Spikefarm Records
Pays : Finlande
Durée : 56:59
Tracklist :
1.
...in the Mist
13:43
2.
Woundheir
10:44
3.
Shadowed Dreams
11:12
4.
Down into the Stream
08:20
5.
Sylvan-Night
13:00

D’abord, il y a cette pluie lourde de riffs sourds et une cloche tintant éraillée introduisant, funestement, le propos de l’album. C’est peu dire, car on sait faire en Finlande dans le funèbre. Et ce n’est pas le style de ce groupe, ni son nom, qui dérogeront à cette idée reçue. Pourtant, vous auriez tort, de ne pas croire en la lumière de l’album. Quelques éclats en parcourent les morceaux à intervalles réguliers, les entraînant furieux dans des boucles sonores enrubannées tout à la fois de désespoir et de mains tendues au vide.

Tony Mäensivu le chanteur, semble contenir tout à la fois une colère infinie et son timbre retient le bouillon, qui cherche à s’en échapper. Le fiel de sa salive éclaire des guitares lancinantes, mixées un peu en retrait. Ces dernières endrapent les minutes et les entraînent en les perdant, dans leurs propres temps. Les leads féminins jouent des tours à ces riffs, car ils permettent d’enfoncer le clou de la mélancolie, mais aussi de doucher à contrario un peu l’affreux appétit d’une noirceur omnipotente.

Renseignement pris, cet album est un désastre pour la pensée positive. Et ce n’est que le début de la discographie. Vous n’aurez qu’à jeter vos vœux écrits, aux braises de "Shades Of…" ; ce premier opus, un peu bougre, les consumera à dessein. L’ambiance y est lourde et elle se fait ressentir à chaque coup de caisse claire, cette dernière battant la mesure lentement, pour assaisonner le tout. D’ailleurs, le jeu du batteur est excellent. Nous aurions tort de penser que dans le Funeral Doom les batteurs sont des figurants. Le mastering redonne un peu de dignité à cette présomption, car sur cet album, l’instrument est particulièrement mis en avant.

SHAPE OF DESPAIR, dans cet album perfectible, me donne cette impression : celle de briser la clepsydre, d’oublier l’espace-temps, d’entamer un périple, dont le seul bienfait est d’annuler le sentiment de pensée. Nous retrouvons quelques longueurs et un morceau plus à nuancer, le dernier, "Down Into The Stream". L’album ne souffre pas d’approximations, mais on sent qu’il allume un feu, qui répond en miroir aux aurores de ces contrées. Et ce feu ne cesse de croître. Ses cendres seront le terreau fertile et fabuleux du prochain album, qui, à mon sens, sera et restera peut-être l’apogée du groupe : "Angels Of Distress".