SHAPE OF DESPAIR continue sa lente descente aux enfers et ce second album ne changera pas la donne. Sinistre et oppressant, il enserre le cœur dans un étau constricteur ne délivrant aucun répit. Enterré sous un tas d’immondices, au fond d’un cachot puant, un corps gît, et sa silhouette effrayante s’offre au monde visible par l’interstice de quelques rais de lumière parvenant à réchauffer l’humidité ambiante.
La détresse se lit sur son visage figé, l’angoisse est passée mais elle fait encore horreur. De doux sanglots de violons et des chœurs de femmes épeurées s’échappent dans l’air et tentent d’exorciser cette secousse végétative ("Angels Of Distress"). De folles chimères du monde invisible jaillissent des murs et entament une danse sordide autour de ce gisant comme pour l’honorer futilement. Le temps n’est plus, il s’étire à mesure que le rythme d’une batterie funèbre s’installe et prend possession des lieux ("Quiet These Painting Are"). Une voix charnelle et féminine bat la mesure tandis qu’un growl caverneux assomme l’air ambiant ("…To Live For My Death"/ "Fallen"). Les leads des guitares font jaillir la rosée de la nuit et la sublime jusqu’à son état gazeux ("Night’s Dew").
En moins d’une heure d’observation de ce corps, un ensemble féérique paraît s’être produit. Ce Funeral Doom Atmosphérique s’est complètement déployé et a agité l’ambiance de ce cachot, perdu dans cette ruine cachée au fin fond d’une forêt inhospitalière. Par leurs assauts d’une tristesse infinie, nos Finlandais ont à nouveau transformé cette vision d’horreur en un art musical de haut rang. Rien n’est à déplorer sur cet album déraisonnablement émouvant.