Ceux qui ont eu le courage et l’honnêteté de vraiment écouter les albums des Allemands de KATHARSIS, savent que passée l’expérience d’un brutalisant "666" et d’un malaisant "VVorldVVithoutEnd", la violence implicite et explicite de ces albums s’exportent dans la pensée. Favorisant la mise en place d’un environnement hostile à toute écoute béate ou tranquille, KATHARSIS agresse et viole nos conduits auditifs pour les réduire à se soumettre à l’insupportable. "Kruzifixxion" est cet album coincé entre ces deux petits monstres bien infernaux. Un poil moins porté aux nues, et je le comprends, il est temps de disséquer un peu la trentaine minutes de prédation qu’il comporte.
Les amateurs de Raw Black Metal dont je fais partie pourraient en avoir pour leur compte même si je n’en suis pas certain. Le Raw Black Metal n’a pas pour objectif premier de déstructurer le son pour en faire une bouillie inaudible et infecte pour le commun des Blackeux, mais bien de prendre le contrepied des productions modernes en faisant avec les moyens de bord – de manière Lo-Fi - pour cristalliser l’ambiance et développer la terreur et la lugubrité que le Black Metal possède en son sein et qui en fait la quintessence du mal. Cela KATHARSIS l’a bien compris mais le développe – à mon sens – pas dans la bonne direction dans ce second album. En effet, le son bien Harsch, les guitares bien en retrait, le jeu de la batterie un peu trop rudimentaire et les vocaux de Drakh restant approximatifs et un poil caricatural ne concourent pas au fait que "Kruzifixxion" puisse s’élever au même rang que les autres albums de la discographie des Allemands.
Il faudra attendre le titre "The Chosen One" pour qu’une certaine idée de cette ambiance malsaine au possible puisse prendre naissance. À la faveur de riffs enfin perceptibles et de quelques lampées de leads caustiques, le titre arrive à déplier son aura intranquille et empoisonnée. Les vocaux de Drakh retrouvent aussi sur ce titre ce grain décharné et empli d’acides infectés et suppurés. Les quelques nappes de claviers terminant le titre nous laissent ainsi tomber dans le vide des abimes. Concernant les deux autres titres longs suivants "The Chosen One", les belliqueux "Blood Staineth The Temple Stones" et "Infernal Solar Vortexx", je reste copieusement sur ma faim. Aucun d’entre-eux n’arrivent à développer une quelconque ambiance mortifère et malsaine. Et je ne vous parle même pas des très nombreuses et inutiles pistes "Untitled" qui émaillent l’album. Chacune d’elles nous permet vaguement d’entendre quelques respirations…
Il est vrai que "666" et "VVorldVVithoutEnd" sont des diables d’album mais je ne peux pas en dire autant de ce cadet. Tout au plus reste-il intéressant d’être écouté pour boucler la boucle des œuvres infernales de ces Allemands. Mise à part ce titre "The Chosen One" et le plus court "Luziferion", j’ai beaucoup de mal à faire vivre cet album dans mon âme. Je préfère nettement me farcir du COMMANDER AGARES, VOTHANA, CRAFT, PEST ou d’autres albums de salopards.