Il est sans doute grand temps pour moi de vous lâcher quelques-unes de mes pépites, de celles qui ont su densifier mon amour pour une certaine forme de Black Metal et qui résonnent avec certains souvenirs ou qui y ont su être des accompagnateurs de vie à des moments clefs. À une époque où j’avais tendance à bouder le Black Metal au profit d’autres styles (Krautrock, Dark Ambient, IDM, Shoegaze, Post-Rock…), certains albums ont su me faire revenir à la raison. Ce n’étaient pas les plus fameux mais ils ont participé à un sursaut salvateur. Dans ce lot précis, il y eut le "Epika" de VALKIRIA, le "Mondfisternis" de BROCKEN MOON, certains albums de AASKEREIA et puis ce "Einsamer Winterweg" de WEDARD.
Autant dire que les années passant et des réécoutes plus besogneuses, j’ai parfois doucement honte d’avoir su autant apprécier ces cris d’orfraies et des compositions parfois creuses (je parle pour AASKEREIA et BROCKEN MOON), mais bon on ne réécrit pas l’histoire. En tout cas pour WEDARD, mon sentiment reste différent. Si l’album a tendance à mal vieillir, il reste pourtant un des premiers albums d’Ambient Black Metal un peu kitsch sur les bords. VINTERRIKET et PAYSAGE D’HIVER, ou bien même TRIST (GER) ne sont pas tant que cela éloignés mais développent cependant des motifs bien plus lugubres et moins dépressogènes que le sieur aux commandes seul de WEDARD : Sternenfrost.
Car "Einsamer Winterweg" sent la neige et la souffrance, la mélancolie et la dépression. C’est un exutoire pour âme blessée et/ ou torturée, un fleuve de larmes glacé. Derrière ces longues plages hypnotiques paraissant sans emphase, se cachent pourtant une part de mystère, d’intimité et de sentiments de vie. Quelque chose chuchote d’âme à âme et des mélodies rêveuses endrapées de parties atmosphériques sondent les abords de titres tels que "Einsamer Winterweg", le titre éponyme, à mesure que des éclats de voix surgissent entre les nappes de claviers et le mid-tempo ambiancé de la batterie. D’autres titres bien doomy et ténébreux à la fois prolongent ce sentiment anesthésiant, cette sidération de la pensée. Je pense notamment à "Winder Der Verzweiflung", ou bien encore à "Auferstanden Aus Ruinen" qui démontrent de réels atouts à nous congeler davantage l’esprit.
Avec le recul, je sens de moins en moins le besoin de réécouter "Einsamer Winterweg", ni même d’autres albums de Sternenfrost, peut-être hormis "Wo Die Ewigkeit Die Zeit Beruhrt" qui reste assez intéressant. J’ai perdu pourtant un peu de tolérance vis-à-vis des vocaux qui ont tendance à de temps à autre m’agacer. Pour ce qui est de l’ambiance dépressive, du côté brumeux et du concept général, WEDARD fait partie des groupes qui ont agi dans l’ombre en souhaitant aussi le rester. Néanmoins, Sternenfrost a produit de quoi bien rêvasser et ce deuxième essai dans sa version non rééditée, avec cette pochette caractéristique et symbolique, reste l’acmé du groupe. Vous pouvez aller plus loin en écoutant le reste de la discographie qui reste cependant moins inspirée et hypnotique.