Et voici que se dresse face à cette chronique le dernier album de Juhani Palomäki au sein de YEARNING. Lui qui a su embrasser les étoiles avec son Death/Doom Atmosphérique, les tutoiera dans moins de trois ans, au grand désespoir des fans que nous sommes. Juhani, terrassé par l’alcool notamment et la dépression, garde tant bien que mal la tête hors de l’eau, noyant sa peine dans les poisons du quotidien, bien que les souffrances les plus insurmontables l’envahissent.
Et ce dernier opus surprend tant il illumine quelque peu ce qui se dessine au loin comme des mots composant une oraison funèbre. Après un "Evershade" accablant d’une beauté aussi mélodique que mélancolique, Juhani nous emmène dans un voyage musical que des éléments progressifs constellent. Ce n’est ni un virage à 180 ni une surprise puisque YEARNING a toujours intégré dans sa musique des éléments Heavy, notamment au travers de soli majestueux drainant des mélopées gracieuses et délicates. Ce qui fait la différence de ce "Merging Into Landscapes", c’est peut-être cette douceur qu’il inspire et dégage. C’est aussi l’emploi par Juhani de sa voix claire de manière beaucoup plus fréquente, écartant par là même les ténèbres alentour de ses compositions toujours dictées par des tons mineurs et éclatants d’inquiétude. Encore une nouvelle fois, à l’instar de "Evershade", aucune piste n’est daignée d’intérêt, et, au risque de me répéter, je ne peux que vous recommander son écoute inlassable. Un album beau comme le plein automne ou l’hiver approchant.
Voilà, c’est la fin de YEARNING, et l’"Epilogue : Nemo Ante Mortem Beatus" (= personne n’est béni avant la mort)… est à tomber… de… tristesse. C’est un éclair déchirant la vie, aux heures fastes de la mort qui avancent à grandes enjambées et se délectent déjà du soupir qui arrive.
"Poète noir, un sein de pucelle
te hante,
poète aigri, la vie bout
et la ville brûle,
et le ciel se résorbe en pluie,
ta plume gratte au cœur de la vie".(*)
(*) Antonin ARTAUD, "Poète noir" in L’Ombilic des limbes – 1925.