Si la lecture récente de la chronique et l’écoute de la compilation "Silhouette Of The Stars" vous ont dévoilé les tout débuts de Dis Pater, mais aussi le remodelage de titres inédits et sauvés de l’oubli, il est aussi temps de découvrir la première page de MIDNIGHT ODYSSEY, écrite à l’automne 2008 à travers la sortie d’une première démo "The Forest Mourners" dont je vous recommande l’écoute, ne serait-ce que pour détecter déjà la future amplitude Ambient et supra-atmosphérique du projet. Les bases qui feront le sel rare des œuvres de MIDNIGHT ODYSSEY sont ici déjà très nettement perceptibles : claviers stellaires, rythmes hypnotiques, chœurs astraux, voix déchirée ténébreuse, voyage tri-dimensionnel dans l’inconnu et l’intime.
Les amateurs de Dis Pater ne seront donc pas mécontents de retrouver les premières pièces originelles du projet, car, bien que la production de la démo soit plutôt sommaire, elle sait pourtant y faire pour lancer en quasi quarante minutes cinq titres à vous envahir subtilement les neurones et à les ravir. "The Forest Mourners" concentre ainsi deux titres instrumentaux, "Night Spirits" et "Twilight Storm". Si le premier convoque la rêverie grâce à l’appui de ses belles et joueuses nappes de claviers empreints de romantisme, "Twilight Storm", comme son nom l’indique, s’approche de la lugubrité parfois inquiétante du cosmos BURZUM-ien. Ces deux titres sont très bien écrits et nous font ressentir ce possible départ vers un autre monde, qu’il soit solaire pour le premier ou souterrain pour le second.
Les trois autres titres ne sont pour autant pas en reste. Les paysages sonores qu’ils dessinent sont certes moins graciles, du fait notamment des effusions de fuzz sonnant de manière un peu éraillée, mais la magie opère particulièrement avec le très majestueux et honorable "Journey Across The Sea", participant pour beaucoup, à lui seul, à la beauté de cette première démo. Des visions nocturnes et d’errances s’échappent de la candeur de ses claviers, Dis Pater potentialise cet effet en utilisant déjà son chant clair mais aussi des chœurs éthérés où gravitent la poussière des riffs qui s’égrènent. "Spirit Of The Winter Mountain" est également cet autre long titre plus épique et folk — tintant parfois à la manière d’un SUMMONING — nourri par différents effets sonores et strates symphoniques. Dis Pater, de sa voix écorchée, nous exhorte à le suivre dans les confins de l’imaginaire, là où le rêve à la réalité s’entremêle et exauce l’intimité des vœux.
Témoignant des premières explorations musicales de Dis Pater, "The Forest Mourners" est aussi un concentré déjà fort mature de la future très haute puissance atmosphérique et si singulière des prochains albums. Le titre éponyme concluant l’album souffre de la concurrence des autres titres. Davantage maladroit, mais aussi plus doomy et moins atmosphérique, celui-ci n’arrive pas à étendre sa toile prédatrice et envoûtante. Dommage de terminer cette démo ainsi, mais, au vu de la qualité déjà formidable des autres titres, "The Forest Mourners" est une vraie réussite et nous laisse entrevoir avec un émerveillement non contenu cet horizon splendide, méditatif et grandement ouvert aux témoignages de l’univers.
