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Colosseum - Chapter 2: Numquam
Chronique par Storm - Publiée le 23/11/2025
Colosseum - Chapter 2: Numquam
Note : 4/6
Genre : Funeral Doom Metal
Année : 2009
Label : Firedoom Music
Pays : Finlande
Durée : 58:07
Tracklist :
1.
Numquam
07:32
2.
Towards the Infinite
06:57
3.
Demons Swarm by My Side
09:57
4.
The River
07:07
5.
Narcosis
09:53
6.
Prosperity
11:10
7.
-
05:31

La mort rôde tout autour de cet album, elle suinte même des pores de la peau de Juhani qui porte le masque effrayant de son appel. Sur la jaquette de l’album, la mort s’expose souffreteuse dans cet amoncellement osseux, ou face à ce miroir réfléchissant l’image de ce qu’il résultera de chacun d’entre nous, quand l’heure ne tintera décidemment plus jamais.

Justement ce qui donne le ton de cet album est cette atmosphère nauséabonde d’une forme avancée de décomposition, palpable jusque dans les interstices des notes. "Numquam" (= jamais) paraît s’exprimer depuis l’au-delà, son ambiance est imprégnée de sonorités fatidiques et j’ai comme l’impression d’entrer dans un monastère funèbre conquis et habité par un bestiaire d’épouvante. Chaque titre semble faire régner les sensations désagréables de ces visions horrifiantes. Perdues dans les couches de sons très Funeral Doom, rauques, égrenées un certain temps - à l’instar de drones planants et meurtris -, Juhani perce avec force le désespoir dont son corps est rempli. Plus éteint que l’album précédent "Chapter I : Delirium", ce second album concentre une brume dépressive si dense qu’elle ne peut même pas - selon l’expression consacrée - être coupée au couteau. Plus évanescent ce chapitre 2 joue invariablement des épopées sonores tragiques appuyée par l’utilisation mesurée mais intéressante des claviers. D’autres instruments font leur apparition et apportent le lot funèbre. Je pense notamment à cette trompette (de la mort ?) qui éteint la fin de "Towards The Infinite" ou les sanglots des violons qui emmènent "The River" de l’autre côté du miroir.

Davantage varié mais surtout bien plus dark, "Chapter II : Numquam" atteint son apogée avec le titre sublime et délicat qu’est "Demons Swarm By My Side", qui pourrait être un des frères jumeaux des compositions glaciales de SHAPE OF DESPAIR. La flûte entraîne le morceau sur des rives mouvementées, dévorées par des vagues sonores empreintes de nostalgie et de mélancolie. "Demons Swarm By My Side" saisit tant il semble sublimer nos émotions enfouies, notre tristesse cachée, notre désespoir secret. Et Juhani Palomäki n’a pas son pareil pour faire de ce mal-être un contexte émouvant. La mort s’est emparée de son growl, caverneux et puissant, et c’est bien ce squelette en vrac qui nous parle.

"Chapter II : Numquam" est bien moins YEARNING-nien, hormis sur le titre "Demons Swarm By My Side", que ne l’était "Chapter I : Delirium". Néanmoins, les mélodies somptueuses et fragiles qui ont fait l’originalité de YEARNING se perçoivent de temps à autres et émaillent l’album. Leurs délicates présences s’entendent parfois dans ces paysages sonores morfonds, animant ainsi quelques instants ce ciel noir, opaque et trouble, dense, terriblement dense. J’en tiens pour exemple les leads de "Narcosis" ou de "Prosperity" par exemple qui apportent un peu de lumière bien nécessaire pour que le sentiment de déclin ou d’effondrement ne nous aspirent pas trop rapidement dans un gouffre insondable et perpétuel. À nouveau COLOSSEUM ne subjugue pas totalement mais reste grandement inspiré, et sait avec une belle maîtrise des ambiances, nous conter des paysages sonores sinistres et ténébreux. Si le Funeral Doom devait avoir une relique dans des catacombes lugubres et pourrissantes, nul doute que COLOSSEUM y trônerait en haute place. Nullement dévoré par les rats mais bien par le temps qui passe et rend poussière, ce "Chapter II : Numquam" est peuplé de nécromancie et d’artefacts sinistres.