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Dråpsnatt - Hymner Till Undergången
Chronique par Storm - Publiée le 25/11/2025
Dråpsnatt - Hymner Till Undergången
Note : 6/6
Genre : Black Metal
Année : 2010
Label : Frostscald Records
Pays : Suède
Durée : 49:54
Tracklist :
1.
En ensam sol går ner
04:16
2.
Arvssynd
05:19
3.
Dråpsnatt
05:29
4.
Mannen i min spegel
05:19
5.
Somna in
04:20
6.
Ve er
06:29
7.
Tonerna de klinga
04:35
8.
En besvuren plats
06:06
9.
Gästen
08:01

Cette pochette mystérieuse n’aura pas échappé aux plus passionnés d’entre-nous, puisqu’elle n’est tout simplement, ou plutôt probablement, pas inconnue de tous. En effet, DRÅPSNATT fait partie de cette race de groupes qui ont dégainé un chef-d’œuvre, puis se sont rapidement tus à jamais. Et ils sont quelques-uns de près à côtoyer DRÅPSNATT ; me viennent en tête rapidement CALADAN BROOD, GALLOWBRAID ou bien VINTERLAND. Même si la discographie de nos Suédois est plus fournie, elle fut rapidement tombée dans un élan d’oubli. Mais c’était sans compter la multitude d’archéologues néophytes en quête insatiable de trésors à déterrer. Et DRÅPSNATT fut rapidement exhumé et porté aux nues ; la couche de limon n’était pas des plus profondes.

Ce duo suédois a la rage chevillée au corps, la colère noire dans le cœur, l’épouvante crasse dans les yeux. Véritable rampe de lancement satanique d’un Black Atmosphérique ni bucolique, ni attrape-rêves à la mords-moi-le-nœud, "Hymner Till Undergangen" est un de ces albums admirables qui décongestionnent l’esprit tout autant qu’il draine fièrement avec lui – d’un vent mauvais soufflant en continu –, des créatures effrayantes sorties de cauchemars insondables. Ce qui marque d’emblée l’écoute, c’est l’expression du chant de Vinterfader ; son timbre arraché décharne tout corps constituant au fur et à mesure, de manière méthodique. Totalement survolté, il constitue une vraie plus-value diabolique aux ambiances de ce Black Metal volontiers guerroyeur et épico-atmosphérique. Car si l’on sillonne la plus impénétrable forêt de Suède, entourée d’éléments naturels les plus hostiles, l’on pourrait aussi percevoir des armées patrouiller les fjords. "Hymner Till Undergangen" est mystérieux, ses clefs d’analyse seraient multiples. Pour éviter de vous chatouiller l’esprit, je souhaiterais au moins vous indiquer le caractère original de cet album, qui n’y va pas par quatre chemins pour nous hypnotiser et nous emprisonner à la fois. Ce piège tendu fonctionne à merveille et nous rend captifs dès l’entame de "En Ensam Sol Gar Ner".

Des mélodies tour à tour enchanteresses d’un clavier, que des riffs tout bonnement incroyables accompagnent – tel que sur "Gasten" –, prennent possession de notre esprit et nous ordonnent de suivre le mouvement de cette marche cadencée vers une destination envoûtante. Alors guidés par nos propres intuitions, nous continuons bon an mal an ce voyage irrésistible que nous offre, à bras ouverts, à gorge déployée, notre duo hirsute de DRÅPSNATT. L’ensemble des titres fonctionne à merveille et tisse une toile complexe, intensément mélodique, intensément originale. La variété des rythmes, l’alternance des voix, les breaks atmosphériques me font adorer l’album. Tour à tour intense et délicat, à la fois furieux et enivrant, "Hymner Till Undergangen" est marqué du sceau du génie. "Arvssynd" est à couper le souffle et me rappelle les heures fastes de THY SERPENT sur son album fétiche "Forest Of Witchery". Le break quasi folklorique du titre éponyme me fait penser aux œuvres somptueuses de GOLDEN DAWN, album "The Art Of Dreaming" bien entendu. Tandis que "Mannen I Min Spegel" s’amuserait avec ARCTURUS et son "Aspera Hiems Symfonia", "Somna In" serait un de ces titres précurseurs du futur mouvement Post qu’un WOODS OF DESOLATION ou bien un DEAFHEAVEN aurait pu dégainer. Et si jamais vous concédez que Valfar, l’âme de WINDIR, hante "Ve Er", vous ne sauriez avoir tort tant la fureur mélancolico-épique et tempétueuse d’un vent givrant accompagne ce titre soyeux et somptueux.

Voilà, voilà, la boucle est bouclée. Quelle folie que cet album incandescent ! Qu’il soit atmosphérique, symphonique, mélodique, dépressif, épique, ou tout autre, le Black Metal de DRÅPSNATT est juste un condensé de virtuosité salvatrice. Ce voyage en apnée s’empare de nous et nous fait vivre toutes les ivresses des profondeurs possibles, et peu importe les intenses hallucinations, remonter à la surface nous paraîtra bien plus difficile à vivre. Il n’y a rien à redire à ce "Hymner Till Undergangen", alors si note il doit y avoir, c’est juste un honneur de décerner un 6/6 à cet album sublime.

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