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Dråpsnatt - Skelepht
Chronique par Storm - Publiée le 26/11/2025
Dråpsnatt - Skelepht
Note : 5/6
Genre : Atmospheric Black Metal
Année : 2012
Label : Frostscald Records
Pays : Suède
Durée : 45:31
Tracklist :
1.
Meningslösheten
06:30
2.
Klardrömmar
05:41
3.
Skelepht
08:59
4.
Tonerna till vårt slut
05:03
5.
Échec
02:23
6.
Förruttnelsens hypostaser
05:49
7.
Valan
05:33
8.
Intigheten
05:33

En boulant la boucle avec ce dernier album, DRÅPSNATT concluait son œuvre envoûtante avec sa toujours fidèle once de génie. Marchant sans équivoque avec les apparats de ses deux précédents albums, l’écoute de "Skelepht" ne renverse pas le saladier de la recette bien formulée et travaillée. Et heureusement, car bien des ingrédients manqueraient pour en faire un ultime mets détaillé, précis et admirablement goûtu. Et si DRÅPSNATT s’est éteint peu après - il en va de même avec les forces créatrices de ce duo que l’on ne retrouve nulle part, à part pour Nastrand et sa participation sur l’unique album d’un groupe méconnu, NIVHEL…

Vinterfader notamment n’y va toujours pas par quatre chemins pour nous adresser son chant abominable, rustre et vitupérant, comme peu de chanteurs de Black Metal en sont pourvus. Le gimmick de cette guitare distordue apparaît toujours de manière sporadique et inspirée (citons par exemple l’éminent "Meningslösheten", ou le début de "Klardrömmar"). Et puis il y a cette présence assidue d’une vélocité mélodique et atmosphérique qui scinde l’univers de DRÅPSNATT tantôt vers des éléments de rêverie qu’un piano étrange et étranglant soutient par intermittences ("Échec", mais surtout "Valan"), et d’autres ambiances plus épiques, toutes aussi volages et envolées par l’entraînement de riffs passionnants ("Förruttnelsens Hypostaser") qu’un chant clair joint aux entournures. Du reste, DRÅPSNATT a dans cet album varié beaucoup plus son jeu, notamment en ralentissant les rythmes et en les embarquant sur des rives plus lugubres ; je pense au title track mais aussi au titre "Förruttnelsens Hypostaser" qui engrangent et dévoilent tous deux des émotions parfois BURZUM-iennement prononcées.

Plus novateur que les deux albums précédents que sont "I Denna Skog" (2009) et "Hymner Til Undergången" (2010), "Skelepht" se veut aussi plus expérimental, et apporte quelques éléments intéressants qui me rappellent les heures passionnantes du "The Art Of Dreaming" de GOLDEN DAWN. La contribution de quelques effets sonores bien à propos donne un nouveau souffle à certaines compositions ("Klardrömmar", "Tonerna Till Vårt Slut") et permet de casser leur linéarité. Le jeu des claviers permet particulièrement d’instiller de nouvelles ambiances délicates. "Intigheten" en est le sublime exemple. Véritable chef-d’œuvre de l’album, qui clôture l’album avec maestria, ce titre encercle l’écoute et inocule à l’auditeur un venin lent et hallucinogène. Nous y retrouvons la formule haute couture qui a marqué l’identité de DRÅPSNATT poussée à son maximum. S’il ne fallait écouter qu’un seul titre de "Skelepht", ce serait celui-ci.

DRÅPSNATT aura donc marqué efficacement le virage des années 2010 du Black Metal, avant que celui-ci n’opère sa mue vers notamment des virages plus ou moins habiles du Post. La carrière éclair de notre duo suédois était donc ultime et aboutie. Les trois fragments de leur discographie forment un joyau musical de renom. En 2014, lors de la réédition du cadet "Hymner Til Undergången", un titre bonus fit son apparition nommé "Juvret". Réédité en single l’année dernière (en juin 2023), l’espoir d’un retour, même s’il est encore permis, paraît pourtant s’éloigner. Mais si je vous en parle, c’est que son intérêt n’est pas minime, car il reste le titre le plus progressif et avant-gardiste de DRÅPSNATT : chœurs folkloriques, ambiances WINDIR-iennes et mélodicité féroce. Il vaut le détour et l’écoute. Pour l’heure, profitez bien de leurs trois méfaits, ils sont effrayants de génie.

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