Recette inchangée bien évidemment pour ce nouvel album, le quatrième de la discographie du Canadien James Read. Et le sieur n’est pas du genre à aller becqueter là où cela festoie, histoire d’aller se faire des copains, ou bien encore tailler le bout de gras pour développer socialement son projet. Non, le monstre préfère bien son auge cradingue quitte même à y dégueuler dedans et y torturer ses proies de passage qu’il aura préalablement appâtées cyniquement. Vous croyez quoi ? REVENGE reste REVENGE et se torche bien le cul de vos moues jugeuses. Alors comme d’habitude, munissez-vous, avant d’appuyer sur le bouton lecture, de quoi vous défouler.

Avez-vous déjà vu un concert de REVENGE, et ce James Read incroyable aux fûts derrière ces deux musiciens live de prédilection : Vermin et Haasiophis ? Le sieur est impressionnant et manie les fûts comme autant de promesses de sadisme et de souffrance. Et de ce côté-là, "Scum.Collapse.Eradication" ne manque certainement pas de cette barbarie sonore, agressive, territoriale même, et arcboutée à mordre et dévorer tout ce qui passe sur son passage. Les effets sonores sur les voix mettent en exergue les vociférations mais aussi ce son singulier d’une entité qui vous croque, vous disloque pour mieux vous laminer la carcasse. N’ayez crainte, si vous fermez les yeux les trente-cinq minutes de l’album vont bien vous déferler dessus, mais vous serez sauf. Pas besoin d’aller pleurer votre mère et regretter votre père, laissez-les là où ils sont et serrez bien fort les dents et les fesses.

Certes, les amoureux de la finesse et de la mélodie iront se rhabiller chez Plumeau, mais force est de constater qu’à chaque sortie de REVENGE, les amateurs de ce groupe extrême et ultra-violent en auront pour leur fric. Les titres ont cette même homogénéité, exit la variété et les envolées de mélopées, James Read va à l’essentiel et produit de la musique pour les tripes. Et c’est ce qui me plaît à chaque fois. Quelques solos bien dégueulasses émailleront par exemple des titres tels que l’excellent et furibard "Banner Degradation (Exile Or Death)" avec son break de dingue à 02:50, puissant et viril, ou le violent "Parasite Gallows (In Line)" avec sa belle variété de tempo, ou bien encore "Scorner Detractor (Trust No One)", l’ultime titre de l’album, qui sait très bien lâcher les chevaux tout en nous tenant dans ses serres.

Bordel, que ça fait du bien de l’extrême sale, caustique et qui s’agrippe avec force à nos derniers lambeaux de peau. James Read est peut-être le seul à être passé maître en la matière et cela fait plus de vingt ans que cela dure. "Scum.Collapse.Eradication" ne révolutionne rien de REVENGE. La sauce est déjà parfaitement maîtrisée à tous niveaux. L’esthétique, la charte graphique, la durée des titres, les vocaux irascibles, les riffs gras et poisseux, les solos Death Metal et cette ambiance vile et malsaine. Faites donc un effort, une fois dans l’année au moins, écoutez un putain de disque de REVENGE et allez brûler.