SAOR, ou ÀRSAIDH en premier lieu, s’est imposé de fait sur la scène du Black Metal grâce au concours de son premier album, sorti un doux soir de juillet 2013. Andy Marshall nous avait déjà fait tendre l’oreille, notamment après le bel album d’ASKIVAL, "Eternity", sorti quelques années plus tôt. Roots est la pierre fondatrice de ce projet splendide de Black Metal Atmosphérique mélancolique, éthéré et teinté d’éléments de la Folk celtique, par l’apport tout aussi superbe de la flûte, de la cornemuse et de percussions traditionnelles.

Enraciné profondément dans l’identité écossaise, ce projet d’Andy Marshall pourrait se comparer – au niveau de la musique également – à un subtil mariage des travaux de Roman Saenko (DRUDKH), d’Austin Lunn (PANOPTICON), et des Américains d’AGALLOCH. En maniant avec brio un Black Metal enivrant et sans folklore naïf, Andy arrive à nous faire voyager dans une géographie émotionnelle qui revendique la mémoire, l’histoire et la langue de l’Écosse. Et cet ancrage, ce lien avec la terre natale et la mémoire des ancêtres, irrigue et parcourt toutes les veinules des longs titres de Roots.

De superbes paysages sonores s’érigent devant nous grâce à ces longues compositions évolutives, qui entremêlent les transitions ambiantes avec des passages acoustiques, des crescendos émotionnels et des touches solennelles. Battue par les vents, la terre des Highlands nous apparaît, endrapée dans ses mystères et l’hostilité de ses conditions. Il y a du recueillement, de l’introspection sensible, de l’harmonie et de l’identité émotionnelle dans ce premier album magnifique de bout en bout. La beauté naturelle des titres nous convainc et nous attire vers les prairies libres écossaises, où la tourbe garde en mémoire l’histoire de tous les êtres vivants qui l’ont foulée ou ont poussé. Beau à pleurer et empreint de ferveur, SAOR (= "libre" en gaélique) a peut-être produit son plus bel album.

P.S. : D’abord sorti sous le patronyme de ÀRSAIDH (= "ancien" en gaélique écossais), Andy, pour éviter un conflit commercial avec une distillerie écossaise qui produisait un whisky du même nom, a dû changer rapidement le nom de son projet pour éviter les poursuites juridiques.