The Howling Void - Nightfall
Chronique par Storm - Publiée le 27/11/2025
The Howling Void - Nightfall
Note : 3.5/6
Genre : Funeral Doom Metal
Année : 2013
Label : Solitude Productions
Pays : États-Unis
Durée : 01:02:47
Tracklist :
1.
A Long Day's Journey into Night
14:46
2.
In Subterranean Temples
08:56
3.
God of the Gallows
03:41
4.
Mist and Moonlight
12:52
5.
The Chaos Beyond the Stars
09:51
6.
Voidward
12:41

THE HOWLING VOID est un one-man-band américain très prolifique, "Nightfall" est déjà le quatrième album et quasiment un album instrumental tant le chant – jamais growlé – agit comme un autre instrument dans les compositions, tient une place discrète et se veut rare et insaisissable à la fois. Il faut dire que Ryan Wilson collectionne les projets d'écriture et passe son temps à composer reclus chez lui. Et ses autres apparitions en tant que chanteur dans ses autres groupes ont entamé ses cordes vocales jusqu’à les briser. Il faut dire que THE HOWLING VOID est son principal projet de Funeral Doom, mais Ryan s’acoquine très bien avec le Sludge, le Death Metal, le Gore Grind, ou d’autres types de véhémence comme le Black Metal. Sa grande constance et son rythme effréné ont eu raison donc de sa voix. En développant un petit traumatisme là-dessus, Ryan a décidé, fut un temps, de distiller sa voix à l’économie.

Mais en clair, enfin façon de parler, la musique de THE HOWLING VOID se passe très bien des éructations poussives ou d’un growl capiteux en laissant le désastre mélancolique d’un Funeral Doom faire son ouvrage. L’idée de "Nightfall" n’est pas d’anéantir son auditeur mais bien de le forcer à ralentir sa pensée, à le contraindre à en perdre le fil ou à l’oublier. L’ouverture impeccable et la douce besogne des plus de quatorze minutes de "A Long Day's Journey Into Night" produisent un effet cathartique. Nous pourrions avoir le sentiment de prendre part à une procession funéraire suspendant le temps, ou un voyage contraint dans les souffrances maudites et les impressions de ruine. "In Subterranean Temples" aurait tendance à rameuter davantage un peu plus de lumière vitale et d’émotions éthérées. Les nappes en retrait de la voix claire de Ryan induisent aussi cette impression. Galbées et portées par des claviers discrets, les murmures au loin ont ce côté élégiaque et un peu malaisant, comme s’ils paraissaient fomenter ou décortiquer des ambiances profondes, tragiques et sereines à la fois. Cela fonctionne très bien et l’on a plaisir et patience à laisser s’agréer les nombreuses minutes de ces titres.

Mais tout n’est point parfait dans ce "Nightfall" – n’est pas SHAPE OF DESPAIR qui veut. Le titre, par exemple, presque instrumental qu’est "Mist And Moonlight", avec son rythme pachydermique et sa douce bataille entre riffs pénétrants et harmonies un poil Bontempi des claviers, lasse au fur et à mesure. Fort heureusement, les deux derniers titres, "The Chaos Beyond The Stars" surtout, mais aussi l’instrumental hautement mélancolique "Voidward", ramènent le Funeral Doom de THE HOWLING VOID sur des rives noirâtres et vaseuses, comme j’aime les apprécier. Et si l’on peut avoir l’impression de s’embourber au fil des minutes, c’est aussi pour ressentir cet emprisonnement, cette perte ultime de chance au milieu d’une vie qui continue son bonhomme de chemin, étrangère à la situation et à la mort ou au désastre qui s’annonce.

L’écoute de ce disque n’est donc pas des plus aisées, mais s’avère tout de même intéressante. L’abandon de soi est nécessaire pour que les volutes de ce Funeral Doom Symphonique s’immiscent sous votre peau et l’irradient. Pour ma part, j’y reviens de temps à autre, mais les quelques longueurs et le manque d’atmosphères bouleversantes me donnent parfois du fil à retordre.

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