Tim Yatras est un musicien de génie, à l’instar de Mike Patton, un touche-à-tout extrêmement talentueux qui papillonne de groupe dont il fait partie ou a fondé (GERM, AUSTERE, AUTUMN’S DAWN) à d’autres pour lesquels il est invité pour poser sa patte vocale (SKYFOREST, GREY WATERS) ou marteler les fûts (PESTILENTIAL SHADOWS, NAZXUL, LORD) avant de repartir à nouveau vers de nouvelles ambitions. Son envergure est prodigieuse et prolifique, sa présence vocale et sa diction empreintes d’émotions, moyennant quoi le résultat de ses prestations est toujours de haute volée.
Avec SKYFOREST, il prend le micro pour pousser des vociférations habitées et désespérées, ce qui a le don de m’émerveiller au plus haut point. Son timbre incarne le Post Black Metal habité, tantôt lumineux et sombre, de ce groupe russe. Je vous fais cette chronique en écoutant la version 2017, une version remastérisée qui a le don de magnifier, à mon sens, le crunch des guitares et rend honneur à l’enregistrement en améliorant considérablement la scène sonore. Certains y préféreront la rondeur de la production de 2014, qui sied davantage, il est vrai, au magma sonore et vaporeux de SKYFOREST en faisant notamment la part belle aux claviers légèrement mis en avant.
Je dois dire qu’entre "Aftermath" et moi il y a une histoire personnelle derrière. Ce dernier se fait écho et béquille d’un morceau de ma trajectoire de vie. Ce disque, et notamment les titres "I Wish The Dawn Would Never Come" et "Together In Death", deux morceaux authentiquement soyeux et somptueux, m’emmèneront au paradis de mes pensées, là où règnent mes retrouvailles. Certes, l’album n’est pas exempt de défauts, des titres sont un peu plus faibles, je pense notamment au plus punchy "Nothing, Worthless" qui n’a pas ma faveur d’écoute, mais je pinaille car "Aftermath" est un premier essai globalement excellent.
J’entends déjà mon fort intérieur vibrer à l’unisson du phrasé et des paroles laconiques composées par Tim, son appel me permet de léviter en moi mais aussi d’en sortir. SKYFOREST est empreint d’une mélancolie saisissante et poétique, douce comme un printemps, comme le renouveau de la vie. J’écoute alors "Ascension" et je retourne enfin en moi, la boucle est enfin bouclée.
