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Dødsferd - Wastes Of Life
Chronique par Storm - Publiée le 28/11/2025
Dødsferd - Wastes Of Life
Note : 5/6
Genre : Black Metal
Année : 2015
Label : Moribund Records
Pays : Grèce
Durée : 50:06
Tracklist :
1.
Wastes of Life
04:56
2.
Sterile Death, Without Mourning
12:48
3.
The Dead Have No Speech For
09:10
4.
To the Fall of Man
12:11
5.
Graves of Your Creator
11:01

Les chiens grecs de DØDSFERD ne se sont jamais cantonnés à cracher uniquement un venin caustique, bourré de rage et de violence, ils ont également exploré d’autres toxines pour dissoudre leurs fans. Très souvent, leur énergie dévorante s’est accompagnée d’une agressivité peu refrénée et tempérée. Wrath, le leader, chanteur fou à la voix suprêmement écorchée et principal compositeur, vient illustrer avec "Wastes Of Life" une autre facette de DØDSFERD que certains passages dans d’autres albums avaient déjà laissé poindre : la mélancolie. Si vous écoutez certains titres de "Death Set The Beginning Of My Journey", ou bien encore de "Suicide And The Rest Of Your Kind Will Follow", vous vous sentirez parfois épargnés des morsures, mais vous percevrez néanmoins des sensations internes de rongement.

Plus sombre et dépressive que jamais, cette neuvième sortie de la déjà très riche discographie du groupe est un manifeste de la désespérance et de la misanthropie. Mais rassurez-vous, Wrath et sa bande de pestiférés n’ont eu aucune envie de jouer sur la corde sensible et de nous présenter une œuvre pleine de sensiblerie Post pour jeunes woke traumatisés de la vie. Non, DØDSFERD fait parler les tripes, quitte à éviscérer les abdomens pour s’amuser à les taillader de temps à autre et en faire l’expérience. N’empêche qu’entendre cette tristesse dans les riffs, dans ce mid-tempo très à la PSYCHONAUT 4, y compris dans certaines ambiances (comme sur la superbe pièce "To The Fall Of Man" qui, très certainement, vous restera en tête en se rappelant à vous de temps à autre) reste foncièrement intéressant, tant les Grecs de DØDSFERD brillent par leur science du riff et du placement des voix.

Ballade sonore infernale mais ô combien hypnotique et intimiste, "Wastes Of Life" est peu avare d’émotions. La diction déchirée de Wrath pourrait vous rappeler les tourments hallucinés d’un Rainer Landfermann ou d’un Marco Kehren au sein des premiers albums de BETHLEHEM ou de DEINONYCHUS. Vous voyez le genre ! Bref, c’est impitoyable et déchirant, et tous les titres nous font ressentir cette malaisance suicidaire, ce sursaut vital subrepticement scalpé, ce désarroi ténébreux et fiévreux à la fois. Écoutez donc ce titre de dingue et de plus de douze minutes, je vous prie, qu’est "Sterile Death, Without Mourning". La lancinance de ce violon fantomatique, ce riff répété à l’infini telle une procession funéraire interminable qu’accompagne un mid-tempo assassin… DØDSFERD nous fout les frissons, tandis que l’effroi se fait sentir aux alentours.

"The Dead Have No Speech For" est sans doute le titre le plus dynamique de cet album, avec ses accents parfois Grunge bien sentis, ces solos bien Heavy et son ambiance bien posée à plat. La complainte de la fin, avec cette voix chuchotant par instinct de terribles mots, clôt le titre d’une toute autre façon qu’il avait commencé… Sur cet album, DØDSFERD explore d’autres territoires et parvient à le faire avec réussite. Le chant clair de Wrath sonne tout à fait correctement et dévoile donc un autre aspect possible d’ambiances. Écoutez donc l’ultime pièce de l’album, "Graves Of Your Creator", pour vous en faire votre propre idée. Très Post, elle nous offre aussi des passages très Rock Prog vraiment intéressants à entendre.

Pour ma part, j’adore cet album pour toutes les raisons que je viens de vous citer. Les Grecs de DØDSFERD continueront avec entrain à tracer les routes sinueuses de leur Black Metal, l’invitant même à prolonger les éléments Rock et Prog avec ceux plus machiavéliques d’un Black Metal belliqueux au sein de l’album suivant "Diseased Remnants Of A Dying World", sorti trois ans plus tard. Nous y reviendrons. Hail, saleté de vous !

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