Note : 5/6
Tracklist :
1. Watery Grave
2. Tragical End
3. Killing Process
4. Mortal Climb
5. Earth in Sorrow
6. Winds of Death
7. Burn in Peace
8. Under Concrete
9. Lost in Agony
Avertissement :
Vous lisez une chronique archive (susceptible d’être réécrite). Jacques Chirac était certainement encore président et nous des jouvenceaux avec autant de poils aux couilles que dans les oreilles. Nous vous demandons une certaine indulgence si vous trouvez cette rédaction abracadabrantesque.
L'histoire du metal semble parfois prendre un tour des plus curieux : en effet, nombre de groupes pourtant peu originaux et tout juste bons peuvent du jour au lendemain accéder au statut de groupe "dans le vent", s'assurant d'un succès relativement passager, tandis que de petites formations talentueuses et créatives restent dans l'arrière boutique de la scène. Car avec Symbiosis, nous pouvons affirmer sans peine que Carcariass est bien le fer de lance du death metal technique français, à travers des albums sachant faire la part belle aux mélodies tout en étalant une technique à faire pleurer un élève de conservatoire.
Après deux albums, "Hell On Earth" et "Sideral Torment" sortis respectivement chez Car666 et Impact Records, Carcariass arrive enfin à passer par la grande porte et sort son dernier né chez Adipocere Records. Le groupe ne change pas pour autant de fusil d'épaule, il réitère la formule du techno death metal de ses deux premiers opus, influencé par la scène heavy et thrash, tout en lui donnant plus de tonus, voire en transcendant la-dite formule ; Car nos quatre gais lurons auront su parfaire les différentes facettes de Carcariass : technicité, mélodie, accroche du riffing, rythmes... Mais surtout influences diverses et variées incluant les principales formes de metal extrême, et même du rock pour en distiller lentement un album savoureux qui se veut le réconciliateur entre technique ahurissante et plaisir simple, à travers un album riche.
C'est bien simple, l'album est quasiment instrumental. La thématique de l'oeuvre n'est que peu recherchée, les vocaux, bien qu'hargneux et sombres, plutôt rares, laissant même la moitié des pistes orphelines de toute présence vocale. Le groupe recherche avant tout à faire ressentir sa musique dans sa forme première, quasiment matérielle, plutôt que dans un ressenti secondaire, par le feeling, appanage du doom ou du black metal par exemple. Car techniquement, le groupe en tient une sérieuse couche : entre un guitar héro qui prend l'ascendant sur chaque morceau comme l'aurait fait Chuck Shuldiner, des solos de basse démentiels, une batterie limite jazzy, l'auditeur a à peine le temps de respirer. Ouf !
Musicalement, le groupe navigue entre plusieurs écoles, avec surtout le death metal technique américain, en pensant surtout à Death époque "Symbolic" et Coroner. Ce qui vient également à l'esprit dès l'ouverture des hostilités est la grande qualité des mélodies, que l'on peut ressentir chez certains groupes suédois comme Dark Tranquillity. Sans compter les multiples influences heavy (on se risquera à citer Symphony X comme source) et thrash (pour les rythmiques), on peut dire que la qualité du riffing et des mélodies contrebalacent plus qu'agréablement ce qui pourrait n'être qu'un branlage de manche. Et nos maniaques ne se contentent pas seulement de gratter par-ci par-là quelques idées, mais ils en tirent le meilleur, le personnalise, et l'arrange à leur sauce. Un grand moment de musique.
Le seul défaut objectif serait la production, qui ne s'accomode pas à ce type de metal : En effet, le son est plutôt plat, faisant un poil trop la part belle aux guitares, désavantageant par le coup la basse, donc l'"enrobage". Sinon, et il s'agit là d'un avis bien personnel (pléonasme, sors de cette phrase), les vocaux, à force de vouloir concentrer l'auditeur sur l'instrumentalisation, fait un peu de tort à l'ensemble de l'oeuvre, faisant parfois bailler sur quelques pans de titres de plus de cinq minutes.
Mais je chipote, je chipote, dans l'ensemble, ce "Killing Process" est un grand album de musique brutale, qui saura aussi bien réussir théoriciens du solfège que purs esthètes des arts bourrins.