"Oathbearer" sera donc le début de l’aventure FELLWARDEN et je dois bien dire qu’en ayant commencé par le dernier album paru cette année, "Legend: Forged in Defiance", et avoir remonté le fil discographique, ma surprise va grandissante. Si "Oathbearer" annonçait les prémisses d’un voyage émotionnel resplendissant, son contenu musical renforçait cette intuition précieuse de détenir dans les oreilles une véritable aventure sonore comme peu de groupes savent le faire. Et si j’étaye mon propos, deux groupes me viennent intuitivement en tête : SUMMONING et BELORE. FELLWARDEN ne leur ressemblent pas tant que cela, mais tous trois partagent cet évident allègement des sens, cette impression cathartique de convoler avec les mystères de soi et leurs ingéniosités.
Et cela faisait un bout qu’une entité ne m’avait pas fait autant vibrer et que j’eusse l’impression de détenir des écoutes précieuses, instinctuelles et instantanées. Si je retourne dans le passé, seul peut-être le premier album de ÀRSAIDH/SAOR, "Roots", m’avait donné cette sensation, mais l’on connaît la suite de la discographie de l’Écossais Andy Marshall, et ses hauts et ses bas ont manifestement entamé un peu cette magie originelle dans mon esprit. The Watcher, en concoctant "Oathbearer", n’y est pas allé à tâtons car déjà l’identité forte, singulièrement épique, de ce Black Metal que l’on pourrait tenter de qualifier d’atmosphérique marque l’écoute dès les premières secondes. S’offre à nous alors une immersion complète dans la rêverie d’histoires anciennes des différents comtés du Sud-Est de l’Angleterre telles des balades lyriques à travers des paysages saisissants signalés par des cairns intemporels.
Certains titres traduisent parfaitement cette sensation poétique d’être avalé par les éléments naturels et de s’en sentir uni, comme si à l’écoute d’un splendide "Guardian Unbound", ou d’un "Wayfarer Eternal" – assurément les deux titres les plus majestueux –, nous en partagions le voyage, nous en respirions les effluves et les couleurs. La conduite vocale de The Watcher est racée et suffisamment agressive pour qu’elle puisse continuer à conspirer avec le Black Metal, mais elle pourrait tout aussi bien s’émanciper dans plus de chant clair et parlé. Peu utilisés au sein de "Oathbearer", les chœurs vont davantage prendre place auprès des deux albums suivants, dévoilant encore un peu plus la majestuosité des compositions de FELLWARDEN… Comme si elles n’en manquaient pas déjà. En tout état de cause, cet album est tout aussi excellent que ses deux successeurs même s’il comprend quelques longueurs, notamment sur la dernière piste "Sorrowborn" ou sur la plus passable "In Death, Valiant".
Néanmoins, le projet FELLWARDEN reste de haute volée et accessible à un large public. "Oathbearer" est le plus Black Metal des trois. Son côté épique, ses rythmes jamais épileptiques et ses riffs vaporeux toujours bien construits raviront tous amateurs d’envolées épiques magistrales, jamais trop guerroyères mais toujours imbibées d’une forme de mélancolie tenace et d’éléments rêvasseurs. Un album nostalgique, qui sait suspendre le temps, le saisir et nous en envelopper. Du bel art.