ROSK, c’est vraiment l’archétype du groupe moderne, new-school. Un line-up solide, décomplexé, qui n’hésite pas à inclure dans sa musique toutes les influences de chacun des membres du groupe et du reste, elles sont variées. Mais attention, ce n’est pas une salade qui vous est proposée mais plutôt un melting pot homogène d’ambiances prenantes aux tripes et travaillées. ROSK délivre un Post-Metal à tendance sludgy mais aussi aérien. Les envolées lyriques s’accompagnent tout autant de retombées lourdes et oppressantes. Et nos Polonais peuvent se gausser, car ce qu’ils délivrent sur ces quatre tracks est crédible et bien inspiré.
Les titres sont assez longs, notamment le quatrième et dernier qui dépasse les vingt minutes. Longueur ne veut pas dire ennui ou boucle infinie chez ROSK, ce terme pourrait plutôt s’amalgamer à intensité et suspense, comme un film bien travaillé avec lequel le temps semble se perdre. Car de l’ambiance, il y en a, et les introductions des titres sont passionnantes, je pense notamment à celle de "In Nomine Pestis" qui est délivrée au bout de quatre petites minutes par une basse tonitruante, dévorante accompagnée de riffs accordés par les tréfonds d’un enfer. D’ailleurs, soit dit en passant, ce titre est passionnant et vaut à lui seul l’écoute de cet album. "Miasma" nous fait vraiment ressentir plusieurs atmosphères, et les quatre titres, assez hétérogènes, organisent cette expansion d’émotions qui gagne l’auditeur. Y aurait-il un peu de PRIMORDIAL dans ROSK ? Plausible. Les éléments épiques se fraient un chemin dans chacun des titres, cette batterie qui blaste parfois, se pose tout autant pour faire planer les morceaux. Car ROSK utilise aussi une variation de rythme ingénieuse, agrémentant ainsi par exemple "Beneath The Light" de séquences subtiles. Le chant, tantôt vindicatif et écorché, côtoie la diction d’un autre clair, plaintif et aux accents mélancoliques. Encore de ce côté-là, le talent se retrouve et je ressens que ROSK n’a pas besoin d’être pied au plancher pour sortir son talent, car pour le coup, il est palpable que le groupe en a sous la semelle.
Être jeune, c’est être talentueux et sans réserve, mais aussi c’est savoir oser. ROSK frappe fort en tout cas et ce premier effort "Miasma", après une démo parue en 2016, est un album intéressant, très maîtrisé. Et confidences pour confidences, je m’étonne régulièrement du génie de ces groupes affublés au mouvement Post à sortir des riffs marquants et subtilement entêtants. Le Metal semble regorger de tant de dingueries et d’albums de haute volée. Le niveau global est bluffant, la technicité des musiciens l’est tout autant. ROSK me fait ainsi penser à RUSSIAN CIRCLES même si ce dernier est beaucoup moins sombre et davantage Rock. Encore du Post-Metal malgré tout, et j’ai envie de vous dire tant pis et tant mieux à la fois. Cette appellation un peu galvaudée et souvent fourre-tout est plutôt, je trouve, à l’image des nouvelles générations de musiciens. Ces derniers savent bien mieux encore que les générations précédentes amalgamer leurs propres influences avec leur propre parcours musical. Même si ces mêmes influences semblent être opposées, ces talentueux zicos savent de manière syncrétique les sublimer de la meilleure des façons avec un bagage technique de plus en plus imposant. Ils emmènent le Metal sur une autre pente qui peut-être, sans doute (?), sera celle des kids de demain.