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Elderwind - The Colder The Night
Chronique par Storm - Publiée le 30/11/2025
Elderwind - The Colder The Night
Note : 4.5/6
Genre : Atmospheric Black Metal
Année : 2018
Label : Autoproduction
Pays : Russie
Durée : 59:25
Tracklist :
1.
Алтай / Altay
07:18
2.
Утром / In the Morning
05:57
3.
Просторы свободы / Vast of Freedom
10:35
4.
Осенним волшебством / With Autumn Magic
07:33
5.
Тишина / Silence
07:20
6.
В сумерках / In the Dusk
03:38
7.
Покидая родные края / Leaving the Homeland
07:16
8.
Чем холоднее ночь / The Colder the Night
09:48

Entré en 2012 par la grande porte du Black Metal Atmosphérique après un "The Magic Of Nature" passionnant de bout en bout, et adulé — notamment sur les chaînes YouTube Black Metal Promotion et Atmospheric Black Metal Albums — par des hordes de rêveurs extrémistes animées de léviter un peu au-dessus de la croûte terrestre ou de suspendre le temps l’espace d’un instant, nos Russes captivent à nouveau en 2018 en nous sortant le dense et ténébreux "The Colder And The Night". Il s’agit d’un double album, la seconde partie n’étant que la reprise instrumentale des titres de la première. D’emblée, j’aurais préféré une partie purement acoustique, ce qui m’aurait donné la double impression d’un travail titanesque, mais au lieu de cela, je m’interroge sur la véracité de ce choix tant les vocaux déchirés de Alexander Shirochenko participent complètement à créer cette ambiance atmosphérique caractéristique. Mais ceci ne sera que ma seule déception, bien heureusement.

ELDERWIND a ce don d’imprégnation. La musique que notre trio accomplit est portée par des riffs splendides, un clavier un poil kitsch qui, très à l’aise (parfois à la lisière d’un LUSTRE mais n’y plongeant pas, fort heureusement), trouve aisément des lignes enivrantes. La batterie, assez hypnotique, ne blaste pas mais sublime la poésie par l’intermédiaire d’une frappe résolument modérée, voire lente et doomeuse. À l’image de cette artwork somptueuse et cette production convenable, ELDERWIND construit tout un imaginaire en nous. Les guitares un peu en retrait soutiennent ainsi l’expérience sonore qui grandit au fur et à mesure.

Nos Russes, emmenés par Vyacheslav Oboskalov, à l’origine de l’ensemble des compositions, arrivent à créer des bulles sonores totalement hermétiques au monde extérieur et qui permettent de rentrer en contact et en immersion avec ses propres tréfonds, son monde interne. ELDERWIND allume cette torche, que l’on pourrait qualifier d’intense tant les mélodies qui y coulent imprègnent durablement. La lead guitare a ce rôle prépondérant d’envoyer du riff et des trémolos très beaux, voire émouvants. C’est indéniablement la force de cette entité de ne pas tomber dans la platitude, la mièvrerie ou le soporifique. Les compositions ont cette aisance de dépasser toutes les sept minutes et ce temps, qui pourrait sembler long, paraît pourtant bien nécessaire pour que chacune d’entre elles déploie totalement les nervures de ses ailes. Et si je prends cette image, c’est pour que vous puissiez saisir où un "Altay", un "Silence" ou un "Vast Of Freedom" cherchent à nous emmener. Chacun de ces trois titres, qui ont ma préférence, s’envolent au fur et à mesure après s’être développé progressivement par la succession de couches mélodiques captivantes. Captivant est le mot que j’aimerais retenir de mon expérience avec ELDERWIND.

Beau comme autant de paysages que l’on admire, ELDERWIND joue avec nos émotions enfouies, les faisant peu à peu refaire surface. C’est un rêve éveillé. Écouter cette musique les yeux fermés est une expérience en soi, et à l’instar d’un SEVEROTH, nos Russes trouvent la latitude juste pour fouiller dans notre inconscient. La scène slave et russe regorge de groupes passionnants tout autant qu’elle fourmille de monceaux d’entités plus fades et pâles. Alors oui, les membres du groupe n’ont pas les gueules de l’emploi, n’ont pas adopté ni la posture ni les accoutrements, mais ils savent faire une musique aux charmes violents. Tant que la rêverie gagne l’écoute ! Est-il nécessaire d’être plus explicite ? Chaudement recommandé.

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