Tout pourtant avait incroyablement commencé avec un titre plus dense et grave que jamais : "Self Inflicted Torment". Forcément, avec une mise en bouche pareille, je peux vous dire que j’avais un peu de mal à ne pas vouloir m’émerveiller plus qu’outre-mesure concernant la suite de l’album. Cet album tiendra-t-il ses promesses en conservant son élan sobre ? Le Suédois Niclas Frohagen nous propose avec "Among The Dormant Watchers" son troisième disque après une grosse césure de dix ans. FOREST OF SHADOWS existe pourtant depuis des temps immémoriaux (avant les années 2000 pour être plus exact) et s’est toujours débattu dans un carcan suintant le Doom/Death poissard aux accointances assez Goth.

Nous pourrions facilement leur coller l’étiquette du KATATONIA des débuts (période "Brave Murder Day"), qu’on ne s’y tromperait pas tant que cela. Le growl ténébreux et surtout le chant clair autant plaintif que lascif brûle de ce désespoir proéminent et s’amoncelant comme de la mauvaise graine. Le propre de cet album est d’ailleurs de se laisser entraîner, de se laisser vicier par ce mauvais temps permanent et cette torpeur qui vous prend le corps. Si je vous ai parlé de suite en préambule de cette chronique de ce premier titre, c’est parce qu’il m’a cloué de suite. D’une beauté dangereuse, il me rappelle les plus belles heures d’un SHAPE OF DESPAIR, mais surtout d’un SWALLOW THE SUN.

Et forcément cela ne peut que me plaire et me subjuguer, et j’imagine que cela le sera pour tous les fans de ces deux groupes. Des émotions inconditionnelles de ce Doom Death vampirisant vont transpirer par tous les pores de certaines de ses compositions au premier rang desquelles se hisse, vous l’avez compris, "Self Inflicted Torment" parfaitement composé avec ses leads larmoyants, ses passages acoustiques intimes et ses claviers vaporisant la dépression. Pour autant il ne brille pas que ce seul titre sur cet album. Même s’il s’attire la plus grande lumière noire, "Drowned By Guilt" drainera à lui tous les sphynx tête de mort qui l’honoreront de leur vol tournoyant. "Lulaby" et "Lost Within" sont des titres plus Goth dans l’âme et le Metal Atmosphérique que ces deux titres proposent confirme aussi l’étendue du talent de Niclas.

"Yours To Devour" est le morceau qui clôt "Among The Dormant Watchers" d’un Funeral Doom bien épais. Un poil long, comptez pas loin du quart d’heure, il n’en demeure pas moins digne d’intérêt. Avec ces claviers – encore ceux-là – très bien emmenés, ce titre déplie toute une série de noirceurs et d’éléments mélancoliques, et sa fin est une belle envolée qui mixe parfaitement cette fois-ci un Doom Death avec les éléments plus Goth et modernes. Une bien belle réussite mais avec quelques longueurs.

 Au final, je reste convaincu par cet album malgré un ventre mou ("Dogs Of Chernobyl", "We, The Shameless"). Il reste d’excellente facture et les amateurs/dénicheurs de pépites de Doom Death Atmosphérique en auront pour leur grade. Depuis, le projet est encore éteint. Espérons seulement que la noirceur n’a pas gagné trop l’intérieur de Niclas. Si vous avez paumé votre ordonnance d’antidépresseurs, je vous conseille d’aller reconsulter avant de vous passer cet album, et peut-être même d’en parler… sait-on jamais. FOREST OF SHADOWS ne sera pas l’antidote car sa beauté vous perdra, là s’agite son principal symptôme. Vous êtes prévenus !