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Mania - Reality Is The True Horror
Chronique par Storm - Publiée le 30/11/2025
Mania - Reality Is The True Horror
Note : 3.5/6
Genre : Black Doom Metal
Année : 2018
Label : Eternal Warfare
Pays : États-Unis
Durée : 42:59
Tracklist :
1.
Getting Nowhere
02:06
2.
End Everything
02:52
3.
Virion
03:23
4.
Where Is God?
07:23
5.
Endless State of Decay
04:12
6.
Philosophy of Desire
02:28
7.
Black
06:41
8.
No Escape
05:58
9.
No Future
07:56

Encore du Black Metal qui en a ! Je veux dire que derrière une cape de brutalités se cachent des organes noirs et suppurés qui ne demandent qu’à s’épandre et à vous contaminer. Ces viscosités puantes cherchent le chemin pour conquérir d’autres territoires. D’emblée, le groupe semble naviguer dans les eaux d’un Black Metal brutal à la BESTIAL WARLUST, mais ce serait bien trop limiter ce onemanband de Salem qui vit des heures fastes dans l’Oregon. Vous savez bien ce que cette ville porte en elle, les invectives de la sorcellerie, et je pourrais vous écrire un pavé, sauf que cette dernière n’est qu’un homonyme de l’originale. Fin de la parenthèse.

En effet, MANIA lorgne sur des territoires meurtris et abandonnés. Un Doom irascible s’immisce parfois dans les compositions et joue l’antidote d’une rafale guerrière et opportune. Comment ne pas entendre cela sur "No Future" avec ses breaks solides qui s’emportent mais qui tiennent près du sol tant la ligne rythmique maintient quelque chose de primitif ? Il y a de l’ambient à la XASTHUR ("End Everything") dans cet album teigneux à souhait, et un nihilisme prépondérant engorge l’ambiance et les paroles. Nate Myers n’en fait pas tout un foin, mais on sent que le bonhomme ne se passionne pas pour les grands espaces et la description illuminée de la flore sauvage. Il décrit plutôt, et sa musique est son porte-voix, l’amour du déclin et de la destruction. S’étonnant de l’hypocrisie propre à la nature humaine, au retour de veste permanent des êtres et aux paires de taloches qui se perdent. La piste "Virion" précise cela, avec des mots proférés de manière craquelée par une voix susurrant toutes les peines contemporaines du monde derrière des arpèges mélancoliformes.

Jouissant du mal de l’homme sur Terre, les compositions ténébreuses de "Reality Is The True Horror" sonnent comme autant de nuées de criquets destructeurs qui détruisent voracement toute ébauche de vie. Car MANIA déferle parfois en trombe mais s’assagit aussi. Il n’est pas question que de blast, un piano virevolte sur "Where’s God", accompagné par des leads semblant tonner dans le ciel. Le morceau s’échoue par les plaintes d’un violon meurtri. Nate Myers compose admirablement, se nourrissant des racines premières d’un True Black Metal, il réussit à faire germer les bourgeons d’un Black Metal moderne qui a des vues sur des riffs plus Post, facilement ressentis sur ses titres instrumentaux ("Endless State Of Decay", "Philosophy Of Desire").

Nous amoncelons les morts. La réalité éclatante de la vie n’épargne jamais un quotidien constellé de déchéance et de meurtrissures en tout genre. MANIA est attentif à cet état de fait et s’en inspire pour créer cet album volontiers fuligineux. Le chant s’en fait le témoin et l’écho exemplaire. Alternant une texture volontiers grave d’un Funeral Doom Metal, il se décante aussi dans celui, plus classique, belliqueux et criard. Mention spéciale au titre "No Escape" et à "Black" qui sont deux petits joyaux sortis d’un bourbier immonde.

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