Comme à l’accoutumée cette nouvelle sortie de SUMMONING s’était fait attendre. Comme d’habitude c’est le cœur avide, les mains tremblantes et la tête pleine d’espérances et de fantasmes que j’accueillais cette nouvelle offrande du duo autrichien. Refusant d’écouter tout single je m’étais préparé mentalement à vivre une nouvelle expérience. Et je l’espérais sans doute encore un peu trop. "With Doom We Come" sortait du bois cinq ans après le superbe "Old Mornings Dawn", l’attente fut acceptable cette fois-là. Les Autrichiens allaient-ils transformer l’essai somptueux de 2013 ?
Avec une introduction dantesque – la meilleure de tous les albums de SUMMONING – "Tar-Calion" sublimait déjà toutes mes attentes futiles. Incroyable titre à l’assaisonnement mélancolique prégnant et à la ballade sensorielle facile, il se faisait le marchepied idéal pour escamoter les nouveaux plans de ce huitième album. "Silvertine" qui lui succédait comprenait aussi de sombres arguments pour enchanter dans une moindre mesure nos écoutes. Plus lumineux, la batterie tribale bien mise en avant, son côté épique restait convaincant. "Carcharoth", très décrié par les détracteurs/critiques de tous bords, prolongeait le bonhomme de chemin de "With Doom We Come" avec brio à mon sens et selon mes attendus. Malgré la voix étouffée de Protector (aurait-elle pris un peu d’âge, le seigneur chantant de manière éreintée sur cet album ?), ce titre représente le temps fort de l’album si l’on occulte l’espace d’un instant tout le pouvoir charnel et charmant de "Tar-Calion". Sa flûte délicate et noirâtre nous emmène sur un chemin forestier porté par les halos épiques des claviers imprégnés d’une nostalgie doucereuse et délicate.
Et puis il y aura aussi quelques éclats de la part de "Herumor", bien satisfaisants aux entournures. Voilà, la messe est dite… Et l’album n’en est qu’à la moitié. La suite me direz-vous ? Pas grand-chose à en dire si ce n’est un ennui plat où le baromètre sensationnel reste d’une platitude navrante. C’est là où le bât blesse. Plus que le ventre mou d’"Oath Bound", les autres compositions qui prennent le relais nous exaspèrent tant elles semblent fatiguées et sonder un degré de composition bien moins inspiré qu’à l’accoutumée. Je n’en retiens strictement rien ou peu de choses, pourtant j’en voulais tant. C’est ainsi, SUMMONING m’a cette fois déçu. Même si je ne conspue aucunement cet album, j’en suis bien incapable, j’ai été traversé régulièrement par un doute abyssal depuis la sortie et les différentes réécoutes de "With Doom We Come".
Les années passent et trépassent et toujours rien de visible au morne horizon. Nous reviendrez-vous Protector, Silenius ? Saurez-vous nous ou nous éconduirez-vous dans les abîmes du temps par votre silence ? Nous sommes si précaires dans ce bas monde… Faites-nous une dernière offrande je vous en prie et supplie. Conjurez cet ultime sort que vous dédiez déjà à la postérité qui vous intronisera, si ce n’est déjà fait, au panthéon du Black Metal.
