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Vargrav - Reign In Supreme Darkness
Chronique par Storm - Publiée le 02/12/2025
Vargrav - Reign In Supreme Darkness
Note : 6/6
Genre : Symphonic Black Metal
Année : 2019
Label : Werewolf Promotion
Pays : Finlande
Durée : 41:47
Tracklist :
1.
Intro - Et in Profundis Mysteriis Operta
02:19
2.
The Glory of Eternal Night
05:42
3.
Dark Space Dominion
04:32
4.
In Streams from Great Mysteries
05:51
5.
As the Shadows Grow Silent
04:37
6.
Crowned by Demonstorms
05:21
7.
Godless Pandemonium
05:14
8.
Arcane Stargazer
08:11

Vous avez sans doute croisé cette pochette d’album et ne me dites pas qu’elle ne vous dit rien qui vaille non plus. Beaucoup se sont permis de présenter VARGRAV, et notamment par l’intermédiaire de cet album comme les dignes descendants de EMPEROR période "In The Nighside Eclipse", les tons de la pochette aidant aussi peut-être... C’est plus clair pour vous, non ? Peut-être pas, et bien tant mieux ! Car VARGRAV est tout simplement sombrement unique. Il est un de ces rejetons infects que le Black Metal Symphonique infernal enfante dans les pires douleurs. Car il s’agit d’un Black Metal Symphonique givrant, crépusculaire comme il n’en existe pas tant que cela surtout dans la scène symphonique qui regorge de navets kitschissimes aux claviers bontempi débectants. Rien de cela chez VARGRAV je vous rassure tout de suite, nos Finlandais tutoient voire vouvoient les plus hautes sphères existantes. Envoutant et kidnappant les circuits neuronaux pour en faire une soumission drastique, VARGRAV ravit à nouveau nos oreilles grâce à cet album fulgurant et noblement créateur d’intempéries mélodiques.

Je préférais nettement par exemple que l’on s’amuse à mettre sur le même piédestal ce "Reign In Supreme Darkness" avec le "Moon In The Scorpio" de LIMBONIC ART, plutôt que l’on s’évertue à en chercher les cousinades avec l’empereur norvégien. Partageant les mêmes invocations au royaume de la nuit et à son impalpabilité, VARGRAV déboule avec une avalanche de claviers et de riffs acérés qui saisissent de froid et obnubilent l’esprit. Les tempêtes du grand Nord ont cela de dingue, c’est qu’elles horrifient outre mesure et assènent l’hostilité et le chaos par le déchaînement notamment d’un vent boréal incontrôlable. Et plus encore que sur le précédent album "Netherstorm", VARGRAV insuffle avec ce "Reign In Supreme Darkness" un contexte musical glacial et glaçant. Tout à la fois entraînant dans les atmosphères déclinées, je pense notamment aux titres hypnotiques "Dark Space Dominion", "In Streams From Great Mysteries", "Arcane Stargazer", nos Finlandais savent varier les rythmes pour décliner différentes oraisons mélodiques qui tour à tour se métamorphosent jusqu’à nous faire perdre l’esprit. Cet album possède cette aura que peu ont, il aliène l’esprit, le détourne pour l’embrasser de morsures givrées. Racialement symphonique, nos Finlandais n’en finissent pas de nous traîner dans les horreurs de la nuit.

VARGRAV sait donc nous aveugler totalement par la majestuosité de ce clavier puissant, atmosphérique et totalitaire ; et j’aimerais vous mentionner le jeu enivrant de la batterie qui compose une paire épique avec le synthé. Les riffs de guitare sont un peu en retrait mais ils paraissent avoir ce dessein de propulser la vindicte de V-KhaoZ. Ses vociférations ont cet impact fort qui se combinent à merveille. L’écoute de cet album nous fait ressentir le vertige des abîmes, la longue chute possible vers les ténèbres et l’emprise de fluides démoniaques saturant l’atmosphère. Si VARGRAV avait un vœu céleste, il teinterait l’azur de ce bleu majorelle mais l’accompagnerait à gagner ses pires tourments jusqu’à le faire vriller dans le noir plus profond. "Reign In Supreme Darkness" est un de ces albums des enfers, vicié et tourmenté dont la seule volonté est de vous parasiter, de vous posséder cruellement jusqu’à ce que vous consentiez à cette suprême domination.

VARGRAV réussit donc cette emprise qu’il avait déjà brillamment démarrée avec l’album précédent. La production de "Reign In Supreme Darkness" et l’ambiance qu’elle permet d’incarner nous fait plonger avec délices au beau milieu de ces années 90. Peu importe s’il nous faudrait mentionner encore et encore EMPEROR, OBTAINED ENSLAVEMENT & consorts, VARGRAV a repris le flambeau pour enflammer à nouveau le gaz des nébuleuses et le feu des étoiles. Magistral !

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