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Worm - Gloomlord
Chronique par Storm - Publiée le 02/12/2025
Worm - Gloomlord
Note : 4/6
Genre : Black/Death/Doom Metal
Année : 2019
Label : Iron Bonehead Productions
Pays : États-Unis
Durée : 41:38
Tracklist :
1.
Putrefying Swamp Mists at Dusk (Intro)
04:25
2.
Rotting Spheres of Sentient Black
08:20
3.
Apparitions of Gloom
08:07
4.
Melting in the Necrosphere
09:02
5.
Abysmal Dimensions
11:44

Le combo a bien changé si l’on compare ce premier album au dernier en date par exemple. Mais WORM a toujours maintenu cette glauquerie bien épaisse qui vous attire dans le piège d’une boue bien compacte puant le charnier tout frais. Phantom Slaughter n’a jamais renié son amour immodéré pour la scène Death Metal et le Funeral Doom bien cradingue. Les riffs d’outre-tombe tirés de grattes accordées bien bas rajoutent à cette impression d’étouffement ressentie. Dans ce marécage poisseux et hostile où des bulles remontent pour échapper des gazs putrides, il est à peu près sûr que rien ne vit sauf des amibes assoiffées de cerveau.

Et à l’écoute de ce "Gloomlord" c’est déjà une partie de notre cervelle qui nous échappe. La lugubrité est de mise et ne desserre pas les dents tout du long de l’album. Les claviers volontiers malsains agitent et installent une ambiance glaçante. Le growl reverbé quasi-spectral de Phantom Slaughter paraît être sorti d’un film d’épouvante tandis que ses éructations soudaines complètent la panoplie de l’horreur la plus absolue. Il vous en faudra du courage pour continuer l’album en gardant la tête froide. En même temps il fallait vous y attendre, WORM ne trompe jamais son public, il aime et s’efforce à le dévorer.

WORM le dévore au doux son d’un Black/Doom de possédé et l’abrutit el le larvant d’un Death Metal charriant des immondices et des viscosités inconnues. Je crois que maintenant vous êtes au parfum. Sortez vos tripes ou à défaut priez en silence car vous allez en baver. Si les compositions s’étirent dans le temps c’est parce qu’avant tout elles souhaitent déranger et créer de l’inconfort. Les amateurs du style comprendront, les autres ne percevront donc jamais cette acrimonie délicieuse qui sort par tous les pores de ces titres funestes. Plus Dark et Death que les albums suivants, "Gloomlord" aime à constricter son auditoire sempiternellement.

Pourtant vous aurez le droit à un beau solo pour la clôture du titre "Apparitions Of Gloom" qui porte très bien son nom. Mais bien plus que de la morosité, il m’apparaît évident que les ténèbres dans leur essence la plus pure se soient abattues sur ce titre pour y élire domicile. Et que dire de "Abysmal Dimensions" bardé de son Funeral le plus terrible ? Sans doute qu’il vous maudit autant qu’il l’est intrinsèquement. Ode noire à la diablerie, au carnage et à la découpe de matières vivantes, ce titre de plus de onze minutes va vous scander la Mort et les supplications. Sacrément tordu, impitoyable mais génial, "Abysmal Dimensions" ne va pas lâcher l’étreinte et la morsure qu’il vous soumet.

Dominant le réel, "Gloomlord" sait traduire les cauchemars autant qu’il sait en créer des bien plus terribles. Tout n’est point parfait certes mais la blessure est déjà sacrément béante et inflammée après le passage des quarante minutes de l’album. Mention spéciale aux titres sus-cités mais aussi à celui qui introduit l’album. Plus court, il prépare le terrain ou vous acclimatera avant la grande plongée dans l’indicible. WORM est décidément un groupe à part, reconnaissable dès le premier riff. Son identité est déjà bien formée sur ce second album, et son aura déjà maléfique se déploiera davantage encore sur les sorties suivantes. De quoi couvrir le ciel de la ligne d’horizon jusqu’à son zénith et de nous vampiriser à tous la moelle et les neurones.

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