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Akhlys - Melinoë
Chronique par Storm - Publiée le 02/12/2025
Akhlys - Melinoë
Note : 5/6
Genre : Black Metal Impérial
Année : 2020
Label : Debemur Morti Productions
Pays : États-Unis
Durée : 46:02
Tracklist :
1.
Somniloquy
08:37
2.
Pnigalion
12:42
3.
Succubare
06:18
4.
Ephialtes
08:28
5.
Incubatio
09:57

Dans l’univers de AKHLYS tout n’est qu’ombre, sombreur et mauvais présage. Ce Black Metal impérial se laisse choyer uniquement par Satan lui-même. Ordonnant la terreur et la douleur, faisant jaillir de toutes parts des fluides acides et vénéneux, Naas Alcameth a tiré sa révérence aux bienfaits du monde et a emporté ses pensées malsaines pour les fourvoyer dans les tréfonds des âmes qu’il torture à l’envie et à l’infini. Rares sont les groupes à pouvoir défier autant les ordres du Malin ou à les mettre en pratique et en musique avec un zèle inconcevable.

 Suffocant, terrassant, annihilant et brûlant même le magma sortant des entrailles terrestres, AKHLYS n’a pas son pareil pour brutaliser ce qui entrave son passage. Du haut des désastres qu’il produit, "Melinoë" surgit et harasse à nouveau de son haleine fétide les derniers ordres du monde. Tremblons ! Angoissons ! Prions tous les saints de la Terre de disparaître tant qu’il est encore temps car déjà les premières notes de "Somniloquy" sont perceptibles, et elles annoncent la survenue des ténèbres et leur sédentarité éternelle. Continuant la série de meurtres entamée par "The Dreaming I" cinq ans plus tôt, "Melinoë" revient avec une technique de découpe et de saccage davantage maîtrisée.

Volontiers porté aux nues des fanges et des souillures, ce nouvel album est constellé de cauchemars en tous genres au sein de ses cinq titres. Percevez ces flammes folles, ces gaz funestes et putrides, ces émanations horrifiques aux protubérances hideuses émerger de vos corps, avec pour seul dessein de s’amalgamer les uns aux autres et former ainsi une cohorte immense, infinie, et monstrueuse, terrassant du sol jusqu’au ciel toutes traces de vie d’un simple geste. Si "Somniloquy" est infernal, ce morceau est pourtant le plus accessible avec ses leads dissonants et éclatants comme des cloques infestées. La suite de l’album restera d’un très haut niveau d’infernalité. "Pnigalion" est absolument monstrueux dans tous les sens du terme. Naas Alcameth y manie des ambiances incroyablement acrimonieuses et voraces. La frappe des rythmes épileptiques, les riffs descendants et remontant du royaume des Morts, la voix glaçante de Naas Alcameth, les motifs mélodiques vomis par des artères tranchées et des os disloqués, sont autant d’horreurs à ne pas mettre entre toutes les oreilles. Fuyez bien-pensants !

Si le Dark Ambient de AKHLYS a tendance à disparaître au fur et à mesure du temps, il conserve sa place dans cet album en apparaissant ou en s’imposant dans les recoins les plus lugubres du disque. "Succubare" n’aurait pas déplu à passer sous les crocs acérés d’un MZ.412, d’un ASMOROD, d’un NORDVARGR ou bien sûr d’un LUSTMORD, mais cela reste à la marge. Car "Melinoë" est un album de Black Metal purement prédateur et diabolique. Les deux derniers titres, notamment "Incubatio", sont à couper le souffle. Véritables plongées dans la noirceur totale, ces deux-là vont vous annihiler coup sur coup de leurs nuées ardentes, et ce, sans le moindre répit. Vous êtes prévenus depuis le début, AKHLYS n’est pas le genre de groupe à circonvoluer dans la rêverie. "Melinoë" tranche, transperce et va sans doute bien au-delà de toute imagination inconfortable.

C’est un album incroyablement vivant pourtant, mais mortel. Ultime paradoxe entre instinct de survie et imminence de la défaite et de la résignation, Naas Alcameth a sorti une œuvre purement infernale et impériale. À ranger du côté des plus effroyables groupes : NIGHTBRINGER, ABIGOR, DEATHSPELL OMEGA, KVADRAT, DRASTUS. En toute connaissance de cause et après signature d’une décharge obligatoire, je vous laisse à votre propre sort. Tant pis pour vous, tant mieux pour eux.

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