En continuant la route de FROZEN DREAMS, nul doute que notre regard reste attiré par d’autres aventures épiques possibles. Ce one-man-band suédois a des arguments pour conquérir plus d’espace encore parmi notre considération. N’outrepassant pas sa lignée directe avec les Autrichiens de SUMMONING, Weird trace pourtant son propre chemin et le constelle d’empreintes. Et à l’instar du précédent album dont je vous ai parlé, "Voices Of The Arctic Winter", ce "Awaken The Darkness" nous offre de longues plages sonores assez variées d’ambiances chevaleresques ou fantastiques.

Comme un livre qui nous est conté, FROZEN DREAMS développe son univers fortement teinté par les nappes de claviers, tour à tour moyenâgeuses et guerroyères. Mais c’est aussi une mélancolie forte qui s’empare de chacun de ses titres, sonnant alors comme des chapitres d’une histoire tragique. "Sorrowful Tears" est par exemple l’une de ces tracks qui fourmille d’émotions et paraît peindre un paysage fantastique et hostile à la fois. Appuyé donc par les claviers et ses rythmes tribaux, ce titre est l’un des plus sombres de l’album. "Extinction" ou bien encore "End Of Life" ont quelque part des airs plus enjoués, avec des mélodies simples et rapidement mémorisables. Ils sonnent comme des ballades d’un autre monde, d’un univers de fantasy, qu’aurait pu accueillir bien entendu l’un des derniers albums de SUMMONING.

Et d’ailleurs, c’est avec "Forest Of Desease" que le fil invisible reliant ces deux entités se fait plus réel. Avec une impression à la "Dol Guldur", ce titre s’exprime dans un enchantement rarement entendu jusqu’alors hors du giron entretenu par Protector et Silenius ; quoique certains titres du "The Lost Dimension" de DRUADAN FOREST ou plus récemment du "Lucífugo" de FORGOTTEN WINTER paraissent bien être de la même trempe. Dans tous les cas, et après un nombre d’écoutes prononcées, force est de constater que les trois quarts de l’album sont captivants. Dommage que la fin de l’album le soit moins. La faute à un "Silent Breathing" assez monotone et à un "Drowning In Fear" agaçant au possible avec ses mélopées kitschissimes, à l’instar du gros ventre mou d’un "Oathbound" de qui-vous-savez. Ces titres battent le rappel avec des mélodies qui ont tendance à crisper. Et puis il y a aussi le tout dernier titre, "My Hollow Soul", qui ne casse pas trois pattes à un canard, et envoie aussi un lot de mélodies mièvres, un peu dommageable.

Forcément, si l’on fait l’addition, le compte n’y est pas tout à fait. Néanmoins, il serait bien dommage d’écarter son écoute tant nous passons un très bon moment à l’écouter dans son ensemble. La fréquence des écoutes renforce aussi ce sentiment de détenir un très bon ersatz de SUMMONING bien sûr, mais pas que... "Awaken The Darkness" est donc assez inégal. Oscillant entre titres admirables et d’autres plus cafouilleux, il reste à l’évidence un bon voyage possible et bien appréciable de temps à autre. Mais je ne peux pas le sous-noter car cet album ruisselle d’instants magiques et réellement envoûtants, comme le Black Metal épique et atmosphérique sait parfois l’orchestrer.