Accueil > Chroniques > Psychonaut 4 - Beautyfall
Psychonaut 4 - Beautyfall
Chronique par Storm - Publiée le 04/12/2025
Psychonaut 4 - Beautyfall
Note : 5/6
Genre : Depressive Black Metal
Année : 2020
Label : Talheim Records
Pays : Géorgie
Durée : 57:31
Tracklist :
1.
მარტო მებრძოლი ველზე / One Man's War
03:07
2.
თბილისური ტრაგედია / Tbilisian Tragedy
09:53
3.
...და შენ როგორ ხარ? / ...and How Are You?
05:31
4.
Sana-sana-sana - Cura-cura-cura
08:24
5.
#შენახვადამოხმარება / #Tokeepandtouse
08:01
6.
ის სევდა, ისევ და / And Sorrow, Again
09:28
7.
მტ(ვ)ერი / Dust, the Enemy
06:33
8.
Sterile Nails and Thunderbowels (Silencer cover)
06:34

Mais quelle bande de dingues que ces Géorgiens ! La danse des drogues les plus infectes semble envahir comme autant de brûlures toxiques l’atmosphère des titres, et le règne de la folie plane dans le ciel et fait des rondes tels des vautours affamés. Manquerait plus que les corps chancellent et tombent au milieu de leurs propres excréments, manqueraient plus que les dosages soient si forts et les drogues si méconnues, que l’on ne puisse plus rien faire, ni trouver un quelconque antidote, ni espérer un dernier élan vital.

Foutus, tarés, alchimistes de la mort, sourire aux lèvres ostensibles et turgescences veineuses, PSYCHONAUT 4 nous arrose encore de cet alcool de contrebande, corrosif à souhait et qu’il ne faudrait surtout pas boire. "Beautyfall" est déjà le 4ème album et je m’étonne encore, de manière un poil narquoise, que le groupe tienne encore son line-up. Si nos amis géorgiens ne font pas que dans le discours mais cultivent dans leur vie l’art de la dégénérescence et des expérimentations morbides — on appelle cela l’ordalie —, un groupe aussi extrême pourrait ne jamais être à l’abri d’un pépin ou d’une déroute fatale. Mais peut-être que Graf et sa bande ne s’en remettent à rien pour continuer, le hasard déterminant quelque peu la suite à donner, si suite il y aurait. Et ce quatrième album paraît, tant que la vie est encore, et sonne de manière bien plus variée. Il permet à leur DSBM de s’initier à d’autres univers plus rock dans l’âme. Prenons "#Tokeepantouse", malgré les hurlements désespérés de Graf, le rythme de ce titre l’emmène sur des pentes où le post-rock pourrait s’y larver, s’y déparasiter comme un bon bain de boue croupie. Même si l’idée paraît intéressante d’inclure des éléments bien différents, je trouve que la sauce ne prend pas et laisse un goût quelque peu métallique dans la bouche, comme si le sang s’échappait des vaisseaux du palais.

Mais ne crachotons pas trop tôt nos glaires infectées car PSYCHONAUT 4 sait y faire pour emmener aussi l’ambiance à plonger en nous, au sein de nos abîmes tranchants. Remarquons cet accordéon lancinant qui happe l’âme, l’enveloppe d’un linceul réconfortant, la tient au chaud sur "And Sorrow, Again" puis le dépose par terre à la merci du vivant et des bousculades. Le titre brille de désespoir que la langue géorgienne potentialise en l’endrapant à nouveau d’une mélancolie profonde. Et que dire de "Sana Sana Sana, Cura Cura Cura" avec l’apparition de cette guitare acoustique, des voix claires, de ces soli superbes… S’il fallait temporiser votre précipitation à en finir (je parle de cet album fort heureusement !), je vous propose de juste conserver l’écoute de ce petit joyau de Black Metal teinté d’une belle variété d’éléments post et rock.

À l’instar d’un SILENCER, dont l’épilogue reprend un des titres majestueux, le bien nommé "Sterile Nails And Thunderbowels", PSYCHONAUT 4 n’a vraiment pas son pareil pour éconduire les sentiments majestueux et les émotions. Nos Géorgiens puent la mort, l’éther et les substances chimiques. C’est un groupe noir, fuligineux, solide comme autant de cendres qui vacillent au milieu de nœuds coulants, de seringues dégueulasses, de taches sanglantes. Nul faux-pas encore sur cet album, passionnant malgré quelques écarts, et heureusement d’ailleurs car PSYCHONAUT 4 tente de tenir la ligne alors que de part et d’autre un gouffre béant l’attend. Alors remettons-nous dans les esgourdes "Tbilisian Tragedy", un des titres phares de ce "Beautyfall", et promenons avec eux dans le désespoir de cette ville, dans le tragique de la vie et cherchons à nouveau ce qui pourrait nous en extirper, l’espace d’un moment, l’espace d’un temps de vie mis entre parenthèses. Quelque chose d’autre se trame en 2024 me fait-on savoir !! Changement de label et album annoncé : PSYCHONAUT 4 continue donc l’aventure pour nous conter une autre de ses histoires de morts-vivants.

3 lectures