Si comme moi vous avez suivi et écouté cette sortie il y a déjà trois ans, vous savez très bien que "Descent Towards Death" fait très mal. Si la pochette de l’album nous laisse efficacement une petite trace mémorielle, son contenu réanime instinctivement les quarante minutes de ce Black Metal torturé. Et ce duo argentin, c’est à souligner, envoie sacrément la sauce sur nos petits kilos de barbac que nous sommes. Anthropophage LOS MALES DEL MUNDO ? Certainement pas. Nous avons si mauvais goût. Dany et Cristian distillent une musique plutôt à l’image du nom du groupe : dure, mélodique et suprêmement désenchantée.

Car "Descent Towards Death" est un album de Black Metal mélodique pas vraiment tempéré, mais plutôt véloce, et conditionné à bien frapper les tympans sous les coups de butoir d’une rythmique souvent effrénée. De l’aveu des auteurs, "Descent Towards Death" a été très travaillé et est l’héritage d’une culture partagée du Metal extrême depuis de nombreuses années. Et cela se ressent tant LOS MALES DEL MUNDO concentre les racines des 90's du Black/Death mélo suédois sur ses ambiances alliées à une maîtrise technique irréprochable. On pourrait croire aisément que ce combo nous vient du froid scandinave bien plus que des contreforts argentins, tant son atmosphère glaciale transparaît. Chants hurlés déchiquetants, riffing agile et foncièrement mélodique, leads emportés vous attendent.

Les compositions sont homogènes et portées par une production puissante signée Nikita Kamprad (DER WEG EINER FREIHEIT), LOS MALES DEL MUNDO a bien des arguments pour nous faire transpirer d’agitation. Si l’on écoute la pièce centrale et maîtresse – et la plus réussie – qu’est "The Silent Agony", le sentiment global qui en ressort est que l’agressivité fortement affirmée se teinte aussi d’une mélancolie poisseuse quasi désenchantée. Cela me fait penser aussi au dernier LEIÞA, "Reue", et puis de temps à autre aux travaux de SWORN. Mais LOS MALES DEL MUNDO conserve son identité propre mais il reste encore un peu de travail pour que les compositions se subliment. Car justement, cette homogénéité ne permet pas aux titres de conserver tous un impact mémoriel fort. "Nothing But A Lie" manque quelque part d’un contenu suffisant pour qu’il joue à égalité avec "The Silent Agony", et "The Heavy Burden" avec son atmosphère suffocante et sludgy paraît trop étirée en longueur. "Eternal Circle Of Vains Efforts" tire davantage son épingle du jeu, en proposant un Black mélodique sombre et maîtrisé. Les petites pointes de dissonance sont pour le coup fort à propos et essaiment une aura bien plus singulière.

Paraît-il que leur premier EP est aussi captivant, il va bien falloir que je l’attrape celui-là. En attendant, LOS MALES DEL MUNDO a réussi son exercice en réussissant, notamment grâce à son label précieux : Northern Silence Productions, à passer les frontières et à se faire connaître. Reste donc à transformer l’essai pour magnifier cette rigueur de travail et de compositions sur le prochain album.