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Olhava - Frozen Bloom
Chronique par Storm - Publiée le 07/12/2025
Olhava - Frozen Bloom
Note : 5/6
Genre : Atmospheric/Post-Black Metal
Année : 2021
Label : Autoproduction
Pays : Russie
Durée : 59:01
Tracklist :
1.
The Queen of Fields
20:15
2.
Adrift
07:41
3.
Frozen Bloom I
14:43
4.
Frozen Bloom II
16:22

Plonger dans un album de OLHAVA est un délice. "Frozen Bloom" est à nouveau un voyage extraordinaire. Je dis à nouveau, car tous les albums de OLHAVA sont mus par cette même intensité onirique puissante qui vous secoue les neurones tout en vous les berçant. La beauté se perçoit dans les recoins des riffs hypnotiques et répétés, dans la reverb du mur des guitares. Nous pourrions croire à un MONO du Metal extrême, bien que OLHAVA ne soit pas purement instrumental comme les Japonais, mais les deux groupes partagent cette même emphase pour développer et étendre des motifs sonores atmosphériques à vous faire perdre la notion du temps. Le line-up reste inchangé depuis les débuts. Andrey Novozhilov s’occupe d’à peu près tout sauf de la batterie qu’il délègue à son comparse Timur Yusupov.

Les Russes n’ont pas ménagé leurs efforts depuis leurs débuts pour ouvrir les portes de corne et d’ivoire, afin de nous rendre captifs au règne des songes mais également à nos souvenirs enfouis et perdus. Les voir ruisseler dans notre mémoire à nouveau reconditionne notre fragilité, requestionne notre éphémérité, réembarque le sens précieux de notre temporalité, de ces traces plus ou moins vaines que nous laisserons ou effacerons de nous-mêmes. À vrai dire, j’apprécie énormément ces voyages sonores solitaires que les Russes de OLHAVA, à l’instar de MIDNIGHT ODYSSEY, permettent. Si vous daignez écouter les vingt minutes du titre introducteur "The Queen Of Fields", vous constaterez que cette tempête nébuleuse, cette bourrasque de riffs vous prend au cœur instantanément et ce, dès les premières secondes. C’est une marque de fabrique de ce projet qui, sans doute, parlera à ceux qui ont besoin d’ambiances flottantes et invariablement hypnotiques pour entreprendre un voyage.

Ce quatrième album pourrait également paraître invarié par rapport aux précédents, mais aussi deux autres qui vont lui succéder. Ce manque d’hétérogénéité n’est pourtant pas une faiblesse, puisque Andrey Novozhilov arrive à créer dans chacun de ses albums, au travers de chaque titre, du contenu d’une grande beauté. Les amateurs de Shoegaze y trouveront vraisemblablement de quoi se nourrir copieusement. Nous pourrions faire un parallèle également avec une partie du Rock Prog ou du Krautrock des années 70, avec des groupes tels que TANGERINE DREAM ou les travaux de Klaus Schulze ou Manuel Göttsching dans leurs approches planantes et méditatives. Il y a de cela dans l’univers de OLHAVA, comme un mix Metal d’un SLOWDIVE/MY BLOODY VALENTINE et d’un ASH RA TEMPEL sublimé, avec tempête de saturation à l’appui et notes sonores délicatement courroucées.

Vous trouverez des breaks incroyables dans le titre "Frozen Bloom I" (je parle de celui intervenant vers 06:30 après un très beau solo d’une minute) qui magnifie l’écoute et dévoile aussi une grande ouverture mélodique de la part d’Andrey. Vous ne serez pas étonnés d’entendre cette guitare sonnant Americana/Country, puisque Austin Lunn (PANOPTICON) y fait une apparition aux chœurs et à la guitare… "Frozen Bloom II", qui conclut l’album, est une longue piste Ambient surchargée d’un brouillard de reverb impossible à couper au couteau. Elle peut vous paraître longue, mais elle instille pourtant, si vous prenez la peine de fermer les yeux, une ambiance narcotique cathartique très intéressante à vivre…

En écrivant cette chronique, j’avais un peu pour dessein d’y louer une certaine forme de critique concernant un certain manque d’originalité, mais à bien réécouter et réécouter l’album, il m’est impossible de ne pas concéder à ce "Frozen Bloom" une belle note tant le pouvoir suggestif de OLHAVA ne faiblit point. Vous l’aurez compris donc, OLHAVA, avec cet album, va vous emmener loin à la découverte de vous-mêmes.

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