Certes THULCANDRA ne s’est jamais caché d’aimer à mourir DISSECTION, mais proposer un tel amoncellement d’albums aussi beaux est bien la plus belle preuve d’amour. Stephen Kummerer tient la boutique depuis les premières démos du groupe, qui datent déjà d’au moins deux décennies. Ce dernier, d’ailleurs, officie chez OBSCURA – autre fameux groupe – où il est le principal compositeur. Avec THULCANDRA, au fil des années, ce dernier arrive à faire revivre les plus belles heures du groupe de Nödtveidt mais aussi à s’en échapper. Et d’ailleurs, pour votre gouverne – ceci est une parenthèse – si Jon Nödtveidt apparaît comme le frontman incontesté de DISSECTION, l’histoire et les fans oublient bien trop souvent le rôle de compositeur de John Zwetsloot – notamment son rôle essentiel et principal pour "The Somberlain", ainsi que pour le titre "Night’s Blood" qu’il a lui-même composé sur le second album "Storm Of The Light’s Bane" (et souvent considéré comme le meilleur titre de DISSECTION…) – mais ceci reste un aparté.
Je vous disais que THULCANDRA s’échappait un peu du giron suédois, mais heureusement, il conserve en son sein les graines originelles et déjà germées du plus beau Black/ Death mélodique qu’il soit. D’ailleurs, c’est un bonheur d’entendre autant de mélodies qui flirtent tant avec le génie de DISSECTION. Bien plus qu’une pâle copie, c’est un enchantement et un honneur de produire des riffs aussi solides et humant fort les 90s. Écoutez "Scarred Grandeur", ou bien encore "In Vain" pour vous en rendre compte. La majestuosité des soli, la virtuosité des leads qui éclaircissent l’écoute sous l’encadrement de rythmiques féroces auront de quoi vous laisser rêveur. THULCANDRA sait être puissant et happer l’auditeur dans ses tourments. Même si l’on pourrait critiquer une linéarité des titres, et une moindre variété des ambiances, leur efficacité balaie ce désappointement.
Les deux titres acoustiques, "Orchard Of Grievance" et "In Bleak Misery", sonnent comme deux reprises de souffle au milieu d’un océan enfin apaisé. Et leur placement dans l’album est optimisé, car, sous les coups de boutoir des compositions qui entourent ces deux breaks, une minute de ressource n’était pas de trop. "A Dying Wish" est le quatrième album, mais il me semble le plus abouti, celui en tout cas qui concentre tout le jus des dingueries des 90s : les DAWN, SACRAMENTUM, UNANIMATED, LORD BELIAL, CARDINAL SIN, VINTERLAND… Et j’en passe. Entendre cet album de THULCANDRA donne irrésistiblement envie de replonger dans les heures de gloire de ces groupes du temps passé. Mais Stephen Kummerer emmène THULCANDRA encore un peu plus loin. En alternant des breaks monstrueux, des envolées rythmiques bien chiadées – comme sur des titres tels que "A Shining Abyss", ou bien encore "Devouring Darkness" – et de courts passages acoustiques intercalés, le tout avec une production éloquente de justesse et de puissance, THULCANDRA embrasse et tutoie les hautes sphères de la virtuosité. Nous aurions beau tourner le problème dans tous les sens et crier haro, THULCANDRA nous balance dans les oreilles un album excellentissime. S’il avait été estampillé DISSECTION, pour sûr, il aurait enflammé des foules de kids.
Alors, pour ma part, je remercie THULCANDRA de m’apporter, notamment avec ce "A Dying Wish", trois quarts d’heure de volupté majestueuse. Et pour toutes les raisons que je viens de vous invoquer plus haut, j’en oublie les influences et les idées reçues pour seulement conserver en moi cette communion entre beauté musicale et nostalgie personnelle. Impossible donc de couler THULCANDRA sur ce coup-là, cet album a bien trop d’atouts et de riffs assassins.