En refermant la trilogie épaisse des "Biolume" débutée en 2019, Dis Pater n’avait point décidé de prendre un congé sabbatique, bien au contraire. Malgré les plus de cinq heures de musique astrale au total des trois "Biolume", et les trois albums instrumentaux intercalés entre chaque, notre Australien sort en ce début avril 2024 un nouvel EP à l’artwork somptueux de près de 35 minutes, joliment intitulé "Closer To The Sky". D’ailleurs, si l’on prend la peine d’examiner un peu cette pochette lumineuse riche de nébulosités et d’astres stellaires, l’on retrouve quelques mots latins au niveau des enluminures : Propior caelo pour « plus proche du paradis ». Faisant face à ces sommités spatiales, une ombre se dresse et ses apparats se confondent à la matière noire et/ou invisible de ce cosmos. Est-ce Dis Pater ? Nul ne le saura, mais cette cover en dit long sur ce que pourrait proposer cet EP, alors fermons les yeux et plongeons !

Oui, plongeons dans ce bain étoilé pour percevoir la volupté des nuages gazeux et leur infini. "Closer To The Sky" nous y emmène expressément dès les premières secondes. La musique a été composée entre 2020 et 2023, seuls les vocaux de Dis Pater ont été enregistrés cette année. Et ce qui apparaissait au grand jour éclatant sur le dernier album "Biolume Part – A Fullmoon Madness" – notamment l’apparition et la survenue d’un chant clair joliment décliné auprès d’un chant hurlé vengeur et torturé, ainsi que des parties atmosphériques plus progressives – se décline sur cet EP avec la même ambition : celle d’emmener les voyageurs que nous sommes à se laisser aller au conte de la grande rêverie et de la métaphysique des êtres. Le titre éponyme est magistral et beau à pleurer. Le chant clair de Dis Pater s’y agite comme un vent solaire, à la fois doucereux et cajoleur. Les paroles reflètent cet état d’être. Partagés dans les éléments troubles du rêve et de l’inconscient, les mélodies atmosphériques des claviers, le riffing discret et capiteux des guitares que des chœurs embrassent et portent au zénith ne font qu’accroître ce sentiment de départ vers un au-delà immaculé et expansif… au fur et à mesure que les minutes du temps s’égrènent et se perdent.

Si les deux premiers titres sont dans une lignée plus commune de MIDNIGHT ODYSSEY – notamment du dernier album en date – taillant la part belle à un Black atmosphérique et symphonique sans doute influenceur d’une frange certaine de groupes de Black Metal cosmique (SPECTRAL LORE, MESARTHIM, MARE COGNITUM, ALRAKIS…) – ils invitent à entamer un autre voyage tout aussi doucereux et sombrement bucolique. "Lightning Fall", avec ses effets sonores synthétiques qui miroitent avec l’ombre des riffs, me rappelle les travaux de certaines parties de SUMMONING ou de LIMBONIC ART. Ce titre est savant et discret à la fois, tout comme l’est le titre introducteur "Souls Left Wandering", sans doute le plus terrestre et immanent.

Et j’en terminerai par l’excellente pièce sonore qui conclut cet EP – "Awakening", qui m’a fait associer librement avec ENSHINE, et ne me demandez pas pourquoi… Quel chroniqueur pourrait prétendre être exact ? Néanmoins, cette pièce symphonique est portée par des claviers mélancoliques qui épousent l’astralité de l’ambiance de cette épilogue, portée par la voix envoûtante du chant clair de Dis Pater. Des orgues se dressent pour rallier ce qui serait, près des étoiles, plus proches du paradis.

"Closer To The Sky" ne ressemble en rien à des chutes de studio ramassées au gré des compositions de la trilogie des "Biolume". Cet EP superbe ne conclut pas le voyage permanent que MIDNIGHT ODYSSEY a fait entamer à son auteur. Au contraire, "Closer To The Sky" ouvre une nouvelle porte d’infini. Constellées et auréolées de grâce, ces quatre compositions sont de cet aller sans retour vers les autres mondes. Un voyage majestueux et magique tout à la fois !