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Greve - Föllo Afv Svavel, Lifvets Dimridå
Chronique par Storm - Publiée le 09/12/2025
Greve - Föllo Afv Svavel, Lifvets Dimridå
Note : 5/6
Genre : Symphonic Black Metal
Année : 2022
Label : Purity Through Fire
Pays : Suède
Durée : 45:23
Tracklist :
1.
Bortom berget, svälttid komma
01:19
2.
Skapelse ur fiendeskapets mödrar
07:18
3.
Lögnarens gryning, svältföddas bestar
06:27
4.
Åska i himlavalvets förljugna svarthet
07:31
5.
Föllo af svavel, lifvets dimridå
06:31
6.
Träsktalets gåfva en rituell reflektion
08:01
7.
Mördade stigar, funnit i mitt grepp
07:17
8.
Dödens tid, evigt de vila
00:59

Il ne passe pas un mois sans que je ne m’écoute un de ses albums de l’enfer. Je veux parler bien sûr d’une des offrandes de Swartadauþuz, multi-instrumentiste diabolique aux mille regards comme aux mille projets. Et si j’entraperçois dans la pénombre sa part d’ombre disgracieuse, c’est aussi pour me satisfaire mais surtout, pour rester fier de le voir vilipender la vie sans vendre son âme aux Saints mais, au contraire, en continuant à réchauffer la terre brûlée des Enfers. Fier prodige et digne héritier du Black Metal suédois des 90s (comprenez les DAWN, VINTERLAND, SORHIN ou autres SACRAMENTUM), Swartadauþuz s’en est accaparé les apparats pour, de son prolifique esprit, nous semoncer de sa diablerie.

Alors si nous devions comparer ses deux autres groupes de Black Metal symphonique ultra racé que sont TROLLDOM et GNIPAHÅLAN, et bien je dirais que GREVE se trouve exactement entre les deux. Entre l’extrême fureur symphonique de GNIPAHÅLAN et le plus mélodieux TROLLDOM. GREVE a donc aspiré ces deux entités pour n’en retenir que le suc amer et l’infernalité de leurs univers distincts, en en recrachant les saveurs mélodiques diablement efficaces. À l’instar de ses deux autres groupes, Swartadauþuz déplie son univers au sein de titres longs (aux alentours de sept minutes au bas mot), balayés par les trémolos sous le couvert de nappes symphoniques ésotériques et fantomatiques. Prenez un titre tel que "Åska I Himmlavalvets Förljugna" et percevez cette cohorte de morts, cette armée de diables rugir et s’empresser de vous fondre dessus. Mélodique et racé à la fois, ce titre comme bien d’autres, au premier rang pourrait trôner le titre éponyme, paraissent parfumés de scénarios épiques et lugubres à la fois. Nous nous enfonçons dans la nuit, dans ces sentiers de guerre que les vastes forêts boréales côtoient.

Les rythmes survoltés ne sont jamais fatiguants mais marquent la cadence d’une manière frénétique. La voix de Korgath est exceptionnelle, suffisante à elle-même. Avec la brillance des compositions et cette production cristalline, il est aisé de se sentir dévasté et contenté à la fois. Si les titres restent assez similaires, et qu’aucun ne se dégage au-dessus de tous les autres, force est de constater que nous faisons face à un monument du Black Metal symphonique infernal. Ce genre de groupes pourrait être la version symphonique de ce que mon éminent collègue Mefisto nomme Black Metal Impérial. Je reste abasourdi par les mélodies tenaces et oppressantes que cet album dégage, comme sur le quasi-vampirique "Träsktalets Gåfva En Rituell Reflektion", avec son cœur noir, ses claviers à vous planter des couteaux dans les plaies et son riffing cisaillant.

Nulles raisons de s’égarer ni vous de prolonger la lecture, il est bien temps de vous procurer cet album et de porter votre âme dans l’enfer des compositions de GREVE. Swartadauþuz est un génie qui sait s’acoquiner – sur d’autres projets – avec les meilleurs d’entre nous (Déhà, Alex Poole et Likpredikaren pour les citer). Touche-à-tout majestueux et passionné, son pouvoir est grand et polymorphe. Je vais d’ailleurs de ce pas prolonger l’horreur et le plaisir, en allant terminer la nuit avec un de ses autres projets – dont je vous parlerai bientôt et qui collisionnera avec la série sobrement étiquetée De L’Enfer du Black Metal Symphonique – GARDSGHASTR et son ténébreux "Slit Throat Requiem" (2019). Hail Swartadauþuz !

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