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Psychonaut 4 - Scrapes From The Past
Chronique par Storm - Publiée le 09/12/2025
Psychonaut 4 - Scrapes From The Past
Note : 4.5/6
Genre : Depressive Black Metal
Année : 2022
Label : Autoproduction
Pays : Géorgie
Durée : 01:17:56
Remarques : Compilation
Tracklist :
1.
Serial Lier
06:21
2.
Nackskott (Lifelover cover)
02:54
3.
My Despair Can't Be Explained
08:13
4.
Wor(l)d of Pain and Hate
05:18
5.
I Wanna Be Your Dog (The Stooges cover)
05:05
6.
Tbilisi (The City That Loves You)
05:44
7.
Bad Morning!
07:31
8.
Not a Love Song
05:54
9.
I Measure Time in Milimeters
06:18
10.
In Good Movies Hero Always Dies
03:19
11.
Hero In
05:07
12.
Out of Mind
04:42
13.
Sterile Nails and Thunderbowels (Silencer cover)
06:34
14.
The Sun Is Still Out of Sight
04:56

Je ne vais pas vous faire l’article ni le menu détail de ce que cette compilation comprend, son titre parlant en lui-même. Sachez cependant qu’il s’agit de la contraction des bouts de boyaux que Graf et sa bande de défoncés ont éparpillés au travers de splits, de reprises et de leur superbe démo "40%" (le degré moyen en volume d’alcool dans la vodka). Ça vous va comme préambule ? Allons à l’essentiel et ne nous étendons pas sur qui gratte quoi, qui sniffe quoi etc. Ce ne serait que du verbiage et de la perte de temps de lecture pour vous.

PSYCHONAUT 4 vaut largement bien mieux que de la repompe d’un Metal Archives & consorts. Les Géorgiens nous préparent un nouvel album en 2024, ai-je pu comprendre selon quelques bruits de couloir. L'opus est apparemment dans le corps de pompe, et cette injection retard qui se fait attendre nous assurera à coup sûr de bien beaux effets, n’en doutons aucunement. Pour en revenir à "Scrapes From The Past", la sortie de cette compilation est une aubaine pour compléter les écoutes de ces parias du DSBM. Loin d’être des mélodramatistes, ces écorchés et abîmés de l’existence sont effectivement des psychonautes. Pour la parenthèse culture, un psychonaute est un individu qui utilise des toxiques altérant sa pensée pour plonger de manière exploratoire dans les confins de son esprit. Le chiffre 4 correspond au 4e palier d’usage et de dosage du dextrométhorphane. À ce stade, l’effet principal recherché est la dissociation et l’étrangeté de la réalité. Des perceptions dépersonnalisantes ont lieu et modifient la cohérence et l’unité de la pensée, l’individu perd son identité et tombe à l’intérieur de lui-même pour explorer ses abîmes intérieurs. Beau programme pour occuper la vacuité du temps et dialoguer avec l'insondable.

"Scrapes From The Past" jouit d’une belle production, les anciens titres ont été remastérisés et se révèlent tous sous leur meilleur jour avec la même identité sonore. Offrant ainsi une grande variété, "Scrapes From The Past" compile ainsi des titres DSBM pur jus où Graf fait un malheur avec ses vocalises déchirées, déchirantes voire déchiquetantes, comme sur "Serial Lier", "Not A Love Song", "I Measure Time In Milliliters". L’empreinte de PSYCHONAUT 4 marque au fer rouge certains de ces titres, mais la teinture d’un rock dépressif se fait sentir sur d’autres comme sur le superbe "Hero In (Герой Н)", ou sur le fatal "Wor(L)D Of Pain And Hate" qu’un accordéon accompagne comme de la mauvaise graine. Et les reprises sont toutes aussi excellentes : écoutez celle des STOOGES – "I Wanna Be Your Dog" – toltchockée bien comme il faut, ou encore celle du cousin SILENCER – "Sterile Nails And Thunderbowels", mais aussi du frère jumeau LIFELOVER – "Nacksött" – qui ont cet effet infect de transformer de la boue en miasmes putrides.

La mort rôde partout avec ces tarés de Géorgiens. Avec une belle constance, les riffs sont toujours empreints d’une mélancolie tenace et exsangue. PSYCHONAUT 4 sait manier comme peu dans le metal extrême l’art d’aller jusqu’à l’extrême justement, et de cultiver l’ordalie comme d’autres cultiveraient leurs jardins. Écoutez cette folie qu’est "Bad Morning! (Злого утра!)", ou trépassons avec le mid-tempo fiévreux d’une OD désespérée dans les quartiers de "Tbilisi (The City That Loves You)". Bande de tarés, bande de fumiers foutus ! D’ailleurs les Géorgiens me font penser à cet intitulé d’album fort évocateur de SPACEMEN 3 : "Taking Drugs To Make Music To Take Drugs To". C’est peut-être cela ce qui les fait tenir ! En plus d’être une sacrément bonne paire de potes, PSYCHONAUT 4 shoote la mort et la vie indistinctement. "Scrapes From The Past" offre une belle parenthèse désenchantée. Volontiers insaisissable et agressif, PSYCHONAUT 4, à l’instar d’APATI, ANTI et LIFELOVER, nous balance des titres jamais trop longs mais impactants et très souvent entêtants, ce qui, du reste, est volontiers leur marque de fabrique.

En attendant le nouvel album qui s’annonce bientôt – j’en trépigne et en tremble d’avance – cette compilation est un indispensable de la discographie de PSYCHONAUT 4 à ranger tout près des albums fielleux et pleins de vice du groupe. Si vous ne les connaissez pas, je vous conseille d’y jeter une oreille tout en gardant une autre saine et chaste. Cela pourrait vous éviter de passer à l’acte trop rapidement. Vous l’aurez compris, PSYCHONAUT 4 n’est pas à mettre entre toutes les mains à moins que vous soyez misanthropes, nihilistes ou malthusianistes dans l’âme. Sur ce, faites-en bonne usage !

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