Le Black Metal Sci-Fi de VORGA n’est pas si aisé à élucider que cela. Il est vrai que ses velléités cosmiques ne sont pas si détectables au sein du Black Metal mélodique et tranchant que le groupe produit sur ce premier album. Moins voyageur que ne le sera l’opus suivant "Beyond The Palest Star", "Striving Toward Oblivion" est peut-être cette tentative d’approche vers un autre monde – à l’instar de ce vaisseau faisant cap sur cette pochette –, cet apprivoisement prudent face à des visions inconnues.

La vélocité manifeste des riffs et leur imperturbable besoin de cavaler font de cette expérience d’écoute une épreuve de fond. Les Italiens pourraient serrer la pince aux représentants actuels du Black Mélo nordique tels que SWORN tant une connivence apparaît, même si – notamment au travers du chant – l’emprise du groupe se porte davantage sur des éléments bien plus Black Metal. Les compositions sont très homogènes et leur durée est quasiment identique, aux alentours des cinq-six minutes. Les attaques sont toujours franches, l’agressivité de mise et la pugnacité des atmosphères belliqueuses nous laissent sans repos. Malgré tout, "Striving Toward Oblivion" n’est pas étouffant, l’album réussit à nous faire sortir de temps à autre de notre gravité terrestre. C’est le cas notamment sur le titre "Taken", où des claviers plus centraux et audibles décongestionnent le son un peu trop massif et compact, ou bien encore sur le titre final majestueux "Death Manifesting" qui nous laisse penser à cet atterrissage réussi dans ce nouveau monde, et à l’inconnu indéchiffrable se dessinant pour les voyageurs.

Premier pas dans l’hostilité de cette nouvelle Terre, les Italiens de VORGA nous propulsent sans à-coups à surveiller nos arrières. "Comet", qui fait figure de titre phare, paraît nous éclairer et nous rassure à prendre part à ce voyage infini. Les leads saillants dopent le moral du pilote de ce vaisseau de survivants. Les énergies semblent converger vers cet autre ailleurs et les mélodies enchanteresses ont tendance à assagir les vocaux possédés et irradiés de Пешо Спейса que les rythmes très souvent furieux enhardissent. "Striving Toward Oblivion" pourtant ne bluffe pas, il reste assez conventionnel, et certains titres sont davantage dispensables et constituent un peu le ventre mou de l’album. Je pense notamment à "Disgust", "Stars My Destination", ou bien "Fool’s Disgust". Si l’on ressent que les compositions restent très techniques, elles ne captivent pas forcément. "Taken" et "Death Manifesting" restent bien au-dessus des autres titres, et valent à elles deux l’écoute de cet album.

VORGA remplit à moitié son contrat et s’il est vrai qu’il a bénéficié d’une hype assez légitime, il confirmera vraiment son originalité et sa puissance avec l’album suivant "Beyond The Palest Star", bien plus immersif même si son agressivité reste de mise. Maintenant difficile de considérer cet album comme moyen tant il sait prendre aux tripes et paraît poser les fondations de l’identité du groupe. Si l’EP de 2019, "Radiant Gloom", initia la curiosité, "Striving Toward Oblivion" fait la courte échelle pour le disque suivant, d’une autre ampleur.