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Bergrizen - Die Falle
Chronique par Storm - Publiée le 10/12/2025
Bergrizen - Die Falle
Note : 5/6
Genre : Black Metal
Année : 2023
Label : Purity Through Fire
Pays : Ukraine
Durée : 41:07
Tracklist :
1.
Ich vergesse nicht
10:20
2.
Ich vergebe nicht
10:07
3.
Der rituelle Mord (Öffnung der Tore)
06:04
4.
Die Falle (Der Wanderer 3)
10:02
5.
Verschneite Winternacht
04:34

BERGRIZEN est le projet Black Metal Atmosphérique de Myrd’raal, un projet louvoyant qui arrive néanmoins à se frayer un chemin vers un succès d’estime au fil du temps. Reconnu sur la scène Black Metal après notamment la sortie de l’excellent "Der Unsterbliche Geist" et cette pochette bien caractéristique, ces ambiances bien trempées et léchées tournant autour d’une identité marquée. Après nous avoir sorti un album ambiant en septembre très sommaire, "Orathania", indigne d’intérêt, soporifique et mal composé, s’apparentant à un Ambient tout à la fois médiéval ou quasi Post voire New Age, BERGRIZEN sous le patronage de Myrd’raal nous ressert un nouveau plat bien plus à son avantage en cette fin d’année. Car notre Ukrainien sait y faire quand il s’agit de composer l’essence même de ce qu’il sait créer de mieux : un Black Metal Mélodique et Atmosphérique racé au possible et aux traits féroces et mordants, et ce "Die Falle" rassure tout de suite car il reste dans les veines du meilleur BERGRIZEN qu’il soit.

Et première belle surprise, et elle me semble de taille, Myrd’raal a bossé son chant et il excelle enfin. Sur ses précédents albums, son raclement de gorge avait tendance à m’agacer un peu. Il me rappelait un peu trop le chant coqueluché d’un BROCKEN MOON ou d’un AASKEREIA. Mais sur ce "Die Falle", enfin, ses vocalises se déploient bien plus dans des nuances graves et rageuses. Car oui, BERGRIZEN a de solides atouts, et il était fort dommage qu’un des éléments des compositions entache les autres. Cela me rappelle aussi l’agacement certain que j’ai toujours eu pour le chant de VAREOHN de PENSÉES NOCTURNES, mécontentement majoré lorsque l’on sait le talent de certains albums.

BERGRIZEN orchestre son Black Metal avec une belle pointe furieuse et frontale. Le morceau qui introduit l’album, "Ich Vergesse Nicht", brûle en tous points tant il dévoile et offre avec brio l’ensemble de la palette créatrice de Myrd’raal. Les parties atmosphériques s’accouplent avec une mélodicité prépondérante des riffs, dix minutes s’écoulent et la fonction repeat s’impose. BERGRIZEN est né sous le drapeau ukrainien, mais ce projet semble germaniser son propos. Au-delà des lyrics qui sont dans la langue de Goethe, le Black Metal de BERGRIZEN interagit avec les premiers albums de DARK FORTRESS et semble s’y mouvoir davantage qu’un DRUDKH par exemple. KRODA n’est pas loin certes, mais BERGRIZEN est incroyablement varié dans ses ambiances. Je prends pour exemple ce violon qui s’immisce régulièrement au travers des titres pour suspendre quelques émotions entre deux breaks hautement engagés, l’un souvent sur un versant atmosphérique et lumineux, l’autre sur un ubac froid et agressif.

J’apprécie beaucoup BERGRIZEN, son Black Metal Atmosphérique n’est jamais de tout repos et pue la grisaille dégénérée. Le son est âpre et rentre-dedans et ne s’éparpille pas dans les hautes traverses de la rêverie. Il y a un peu de Raw Black Metal qui jaillit à sa source et cette eau noirâtre et intranquille s’immisce partout. Les leads sont nombreux et dispersent de la mélodie à tout bout de champ sur les terres glaciales de BERGRIZEN, la mâtinant d’une légère lumière mettant à jour des champs bourbeux et chaotiques ainsi que des landes austères et tristes. Pour se rendre compte de cette évidence quasi dichotomique, qui ferait trépasser tout sentiment d’espoir, écoutons ensemble "Die Falle (Der Wanderer III)" et relevons-nous tant qu’il est encore temps, puisque l’horizon au loin s’obscurcit de manière encore plus dense et sombre. Bientôt, nous serons donc terrassés par l’effroi de ce blizzard, et même si cette fatalité est une certitude, prolongeons ce plaisir intense d’écoute avant la souffrance qui avance à grands vents.

Peu de titres – ils sont cinq – composent "Die Falle", mais ils commandent une écoute très engagée, et ce dès les premières secondes. BERGRIZEN signe donc un retour triomphal avec ce nouvel album après un "Der Unsterbliche Geist" bien doté en brutalité et en ambiances infectes. J’enjambe exprès la sortie de l’album « ambient » de septembre, quoiqu’on ne puisse pas le renier, mais d’évidence il flirte sur d’autres lignes que j’aimerais ne voir pas trop empruntées par BERGRIZEN. Alea Jacta Est, nous verrons bien !

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