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Blut Aus Nord - Disharmonium - Undreamable Abysses
Chronique par Storm - Publiée le 10/12/2025
Blut Aus Nord - Disharmonium - Undreamable Abysses
Note : 4/6
Genre : Black Metal
Année : 2023
Label : Debemur Morti Productions
Pays : France
Durée : 46:14
Tracklist :
1.
Chants of the Deep Ones
07:40
2.
Tales of the Old Dreamer
06:29
3.
Into the Woods
06:44
4.
Neptune's Eye
05:57
5.
That Cannot Be Dreamed
06:51
6.
Keziah Mason
06:17
7.
The Apotheosis of the Unnamable
06:16

Vindsval n’en finit pas de plonger dans les abysses ou dans les fosses des enfers et cet album en apporte à nouveau le terrifiant témoignage. Y plonger en apnée sans perspective de retour est pour le moins angoissant, mais écouter "Disharmonium - Nahab" nous condamne à y parvenir et à se laisser aller à couler dans un sans-fond peuplé d’obscurité, de monstruosités hostiles, et d’écosystèmes inconnus. En touchant le fond, attirés par les cheminées hydrothermales, voilà que des forces extérieures et internes nous somment d’y rentrer et d’y découvrir sous la croûte océanique le royaume de BLUT AUS NORD.

Si l’épouvante avait sa bande sonore, le dernier album de Vindsval aurait des prétentions. Derrière ses dissonances inquiétantes et ce psychédélisme sombre, se cachent peut-être des sources lumineuses invisibles à nos yeux. Et pour le savoir, il faut accepter de partager l’empoisonnement progressif des guitares qui larmoient, se tordent, et font éclater des riffs qui s’entrechoquent et obstruent la pensée humaine. Il faut concéder d’abandonner le royaume des vivants et ne plus vivre en tant qu’être. Se laisser hypnotiser par cette bande-son des enfers nous permettrait peut-être d’accéder à d’autres mystères, à d’autres sources d’existence. BLUT AUS NORD n’est déjà plus vivant et ce depuis un certain temps, ses virées hallucinogènes ont eu raison de la Raison elle-même, et ce "Disharmonium - Nahab" pourfend davantage encore les attaques vénéneuses de "Hallucinogen", l’antépénultième album, mais prolonge celles de "Disharmonium - Undreamable Abysses".

S’en est fini de tout et plus encore de cette humanité, gardons-nous bien de nous le cacher. Pour apprécier ce voyage infect et en faire une épopée quasi extatique, il nous faudra composer avec notre contre-nature, nos contre-transferts paroxystiques, à bouffer la merde de nos merdes, se dévêtir de tous sentiments humains et apprécier nos détestations. Pour le commun des blackeux, "Disharmonium - Nahab", apparaîtra et sonnera comme un marasme ambiant pénible, engluant, putride et hautement corrosif. Difficile d’accès sauf pour qui aime la dissonance, Vindsval ne s’embarrasse pas à combler son auditeur ou son public. Il ignore toutes autres espèces et d’ailleurs difficile de répondre à laquelle il appartient, sans doute à aucune. Je ne cache pas avoir beaucoup de difficultés à prendre mes marques dans cet album tant il me semble glisser des doigts et couler en moi. Les dissonances sont telles que j’ai l’impression de nager à contre-courant au milieu de torrents boueux et glacials. Je n’y vois ni ne peux m’agripper à quelque chose, ma survie mentale dépendra de ma force interne et de mon courage à conserver mes yeux ouverts et à faire face.

Et c’est peut-être cela la force et la puissance de BLUT AUS NORD, et de cet album plus particulièrement. "Nameless Rites" me redonne un peu d’espoir de rejoindre la terre ferme, ces mélodies éparses qui émaillent la seconde partie du titre me réaniment enfin. Serait-ce donc cette lumière invisible que je crois apercevoir ? Serait-ce enfin fini ? Retrouverais-je donc la surface ou la rive ? Oui, non, peut-être ? Après le flottement oppressant de la troisième interlude, "Hideous Dream Opus #3", j’obtiens ma réponse. Une force m’agrippe à nouveau, et je replonge plus profondément encore, c’en est donc fini de moi, et le supplice ne fait que commencer.

Vous l’aurez compris, "Disharmonium - Nahab" est un déluge sonore pour les plus habités d’entre nous, pour les vils assoiffés de la mort et les plus repentis des considérations humaines. Vindsval continue son chemin comme un cavalier du chaos et ce quinzième album n’est recommandable que si vous acceptez de perdre quelque chose sans garantie d’obtenir la moindre contrepartie. Horreur délicieuse et absolue d’un pur produit de l’Enfer.

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