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Dimmu Bongir - Hvis Pipen Tar Oss
Chronique par Storm - Publiée le 10/12/2025
Dimmu Bongir - Hvis Pipen Tar Oss
Note : 5/6
Genre : Symphonic Black Metal
Année : 2023
Label : Bad Noise Records
Pays : Norvège
Durée : 33:35
Tracklist :
1.
Bongblåst (del 1)
01:42
2.
Bongblåst (del 2)
04:56
3.
Bekifftheit
03:33
4.
Transylvanian Munchies
04:44
5.
Røk hans pip
03:43
6.
Pagan Rips
05:18
7.
Hunnerkongens sorgsvarte skrap i pipen sin
04:43
8.
Hvis pipen tar oss
04:56

En déboulant l’année dernière, le duo norvégien avait bien macéré son jeu et son effet pour nous envoyer un premier jet efficace à la tronche. Le détournement de la pochette du "For All Tid" des DIMMU BORGIR et le jeu de mots bien trouvé pour tourner en dérision le fameux album de BURZUM devraient nous donner la puce à l’oreille. DIMMU BONGIR manie le sarcasme notoire sans tomber dans la reprise affligeante ou le délire sans lendemain. Avant tout, il y a cette quête impassible du duo pour placer ses compositions dans l’ambiance et les fragrances qui ont fait graver les lettres de noblesse d’un mouvement qui échafaudait un plan pour rester durablement dans les esprits : le Black Metal des 90's.

Certains, vous comme moi, ont eu aussi cette chance de grandir en même temps avec ce mouvement extrême qui se construisait dans la maladresse parfois, dans l’ambiguïté souvent, mais avec du talent à revendre. Il y avait bien eu des précurseurs en la matière qui, assez rapidement, ont voulu auto-parodier le mouvement, ses accoutrements, ses postures et ses farces plus ou moins grossières parmi lesquels pourtant ils évoluaient. Je pense notamment aux espiègleries sordides de VONDUR ou les attaques féroces de IMPALED NAZARENE. Peut-être alors que DIMMU BONGIR reprend aussi ce flambeau mais à une différence notable cependant : le duo lorgne davantage vers les premières lumières du Black symphonico-atmosphérique. Et sur ce premier essai, ma foi concluant, Haschiah et Gahll nous embarquent sur des mélopées de claviers entêtantes que certains pourraient volontiers qualifier de guillerettes.

Et c’est sans doute aussi cette prise directe émotionnelle qui se joue entre les mélodies trouvées et la nostalgie de ces années-là. Pas de quoi tâtonner dans la nuit à la recherche de mouchoirs, mais s’il y a bien un point qui pourrait faire consensus, ce serait celui du rendu sonore qui nous leurre sur l’année. La production, volontiers assez Raw ou du moins peu traficotée, nous embarque direct dans les années d’avant le passage de l’an 2000. Citons des titres superbes dans ce cas et qui monopoliseront, je l’espère, toute votre attention. Nommons la virevoltante "Pagan Rips" avec son clavier entêtant au possible, ses vocaux joliment déployés voire déposés en creux au bénéfice d’un riffing simplissime mais tant efficace. Parlons aussi de la mélancolique "Bongblåst Del 2" qui ramène ma tronche dans ma chambre d’ado, au beau milieu de maints souvenirs. Sacré DIMMU BONGIR, vous êtes forts et géniaux à la fois pour m’embarquer à ce point.

Je n’arriverai pas à partir, sauf peut-être sur la pointe des pieds, si je ne vous parle pas de "Hunnerkongens Sorgsvarte Skrap I Pipen Sin". Morbleu, ce n’est plus dans ma chambre que je suis, mais bien en train de complètement remonter le fil du temps, de mon temps, de celui qui m’appartient et auquel je tiens. Expérience géniale que je vous livre au contact de ce titre incroyable, suprêmement envoûtant avec son solo superbe, ses offrandes symphoniques qui sonnent comme des tourbillons à vous étourdir, à vous brouiller les yeux et à vous perler le visage. Je n’omettrai pas de vous laisser un mot sur le petit passage à la moitié du titre "Røk Hans Pip" entre un GOLDEN DAWN (période "The Art Of Dreaming" of course !) et une track du "Opus IV" de ABIGOR (vous savez lorsque la guitare acoustique fait son apparition de manière fantomatique). Et n’oubliez pas de quitter ce disque avec son titre éponyme final, gracieux et conjurant tous les sorts du temps. Ah ! DIMMU BONGIR, vous l’avez fait !

Ce sentiment permanent de flotter dans ces volutes des 90's est une bénédiction pour les amoureux du Black de ces années-là. Kitschissime bien sûr que DIMMU BONGIR l’est, mais Haschiah et Gahll le font sans tomber dans la médiocrité de certains groupes ou albums de ces années-là (salut à toi DISMAL EUPHONY, ADORNED BROOD, EVOL, PAZUZU etc…). "Hvis Piper Tar Oss" est un bonheur à écouter. C’est une parenthèse enchantée, une trentaine de minutes de temps suspendu et volées à l’infini, à la clepsydre et au chancellement de l’existence. Produire un album avec tant de congruence, d’humour et d’inspiration ne m’inspire en conclusion qu’un mot : merci !

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