Il est vrai qu'à première vue, Dodsferd ne paie pas de mine, une pochette grotesque, un titre cliché au possible et un logo impersonnel... Mais forcément, on fait indirectement le lien avec l'album culte de Nargaroth, "Black Metal Ist Krieg", esthétiquement semblable, notre curiosité est attisée, et on finit par l'écouter... Puis, pour ceux que la vieille école ne rebute pas, on se l'offre moyennant une obole.

Dodsferd ne révolutionne, comme vous vous en doutez, strictement rien, n'a vraiment rien du chef d'oeuvre non plus, mais il attire aussitôt la sympathie, pour un pavé obèse de haine, de négativité, cela même pour sa courte durée. Pour être plus précis, Dodsferd n'a strictement rien à voir avec cette ribambelle de groupes de black metal foireux, sans saveur et sans pêche, ne voulant qu'atteindre de manière ridicule la musique du Comte ; Le présent album rejoindrait plutôt l'école du black metal qui rejoint la tradition, tout évitant de négliger la production et une certaine technique musicale. On pourrait facilement lier Dodsferd avec un groupe culte comme les polonais de Besatt, ou encore pour le feeling, la production, le mythique "Black Metal Ist Krieg" de qui vous savez.

J'aimerais aussi revenir sur un point : sur le flyer accompagnant l'album, vous pourrez lire qu'il s'agit de "black'n'roll"... Nenni ! Pour "...And Disease Was Spread In A Matter Of Seconds", je veux bien... mais le reste... C'est du black metal dépressif pur jus, noir, voire carrément nihiliste, accompagné d'une voix déchirée, telle une vipère assassine, avec une rythmique toutefois pêchue et carrée. Pas besoin de mille métaphores pour voir à qui l'on a à faire, Dodsferd reprend le meilleur du black metal old school reprenant des éléments propres à Nargaroth, Besatt, Judas Iscariot... Linéaire sur les leads, rythmique pour la batterie, riffs déchirants et nihilistes, voix écorchée... Du réchauffé, certes, mais fait avec conviction et hargne, une belle leçon : en 2007, comme en 1992, les vieilles recettes réservent toujours du fort goûtu.

Si vous voulez vous replonger dans l'âme nihiliste d'un Judas Iscariot, la haine d'un Besatt ou encore la mélancolie de Nargaroth, le tout avec puissance et crasse... je n'ai pas besoin de vous faire un dessin... Surtout qu'est offert avec ce fier "Fucking Your Creation" une compilation de morceaux des groupes signés chez Moribund Cult... Coup de pub diront certains, bah ! C'est ces charlots de Moribund que diable !