Note : 6/6
Tracklist :
1. False Dawn
2. Forests in Fire and Gold
3. Eternal Turn of the Wheel
4. Smell of Rain
Avertissement :
Vous lisez une chronique archive (susceptible d’être réécrite). Jacques Chirac était certainement encore président et nous des jouvenceaux avec autant de poils aux couilles que dans les oreilles. Nous vous demandons une certaine indulgence si vous trouvez cette rédaction abracadabrantesque.
Cette chronique a été rédigée dans une démarche critique et en aucun cas pour promouvoir les idéologies ou opinions politiques éventuellement portées par les artistes.
L'an deux mille trois est à marquer d'une pierre blanche dans l'univers du Black Metal, c'est cette année précisément que Drudkh apparaît sur la scène avec Forgotten Legends. Leurs membres ne sont pas méconnus pour autant puisqu'ils font également parti de formations aussi excellentes que respectées, à savoir Hate Forest et Astrofaes. Mais cette fois ils explorent une nouvelle voie dont on a pu percevoir les prémices au travers d'Astrofaes, celle d'une totale dévotion à Mère Nature, une véritable ode à leurs terres.
Dès les premières secondes nos chers ukrainiens nous plongent dans une ambiance nocturne, plantant ainsi le décor, celui d'une paisible forêt, sauvage, non souillée par la gangrène humaine. C'est alors que le Black Metal prend le relais, ce dernier ne délivre aucune émotion de haine, contrairement à la coutume. Le rythme est certes rapide, mais sa linéarité offre un coté épique qui paradoxalement n'écrase nullement la délicate nature, au contraire, elle est même sublimée par des riffs totalement aériens. Ils paraissent tels une brise se faufilant au travers les feuilles d'une forêt magnifiée par les couleurs pastelles et dorées de la saison automnale. C'est tout un milieu à l'état brut que l'auditeur s'émerveille à parcourir, la musique se veut atmosphérique, évasive et singulièrement apaisante. Les vocaux, relativement peu présents, se fondent parfaitement à l'ambiance, cette faible présence n'est finalement pas si anodine : ils témoignent d'une puissante volonté d'offrir une musique primitive, le plus proche possible de la nature. Ils s'assimileraient davantage à une sorte de guide spirituel, faisant visiter chaque recoin retiré du territoire.
Les titres sont assez linéaires et très longs, jusqu'à seize minutes, mais de temps en temps de cette linéarité se distinguent des riffs d'une divinité incommensurable, je pense notamment au troisième titre « Eternal Turn of The Wheel » : l'auditeur est embarqué dans une ambiance céleste, et tout le long du morceau on survole littéralement les grandes étendues boisées observées de l'intérieur dans les titres précédents, cette pérégrination est somme toute assez cadencée de par le caractère rapide du tempo qui, de temps à autres ralentit pour offrir une escale propice à la contemplation.
L'album s'achève par un caprice de la nature, le ciel libère des pluies diluviennes, des grondements de tonnerre se font également entendre, la métaphore d'un orage chaud d'un soir d?été...
L'artwork est à l'image de la musique : peu d'écrits, le livret renferme de magnifiques gravures au fusain représentant des paysages aussi sombres qu'intrigants. Très beau.
Vous l'aurez compris, cet opus est un bijou, recelant des ambiances profondes, transcendantes et envoûtantes. Drudkh entre dans la légende qui, espérons le, ne sera jamais oubliée...