Le trio infernal Amnion, enfanté dans les profondeurs abyssales, nous livre ici son premier Opus. Ces espagnols n’en sont pourtant pas à leur première expérience musicale. Fort d’une démo et d’un Ep, deux des musiciens Drizzt Sarnad et Damastor sévissent également dans l’entité Empty depuis 1995. Ce nouveau cercle fondé en 2000 n’a pas pour but de plagier leur projet principal. Ici, les trois hommes rendent hommages aux groupes scandinaves précurseurs.

Sur « Cryptic Wanderings » nous ne sommes pas en présence d’une musique brutale ou encore mélancolique. Les 7 compositions naviguent dans un registre True Black Metal, méphitique, bien dynamique, appuyés par une production brut, compact et puissante.

Pour ce premier édifice sonore, le combo a su mettre en valeurs ses hymnes infernaux, tout en conservant un aspect brut et spontané dans les prises de son et le mixage. Les guitares sont bien évidemment à l’honneur et se rapprochent du style pratiqué sur « A Blaze In The Northern Sky » de Darkthrone. Les sonorités du passé sont évoquées, la nostalgie s’éveille à leur écoute. Le batteur nous assaille d’un jeu simple mais efficace, avec de bonnes percussions. Le son du drum kit est carrément primitif et légèrement en retrait. La basse n’est pas l’élément moteur, elle se fait discrète, mais reste audible. Du coté des vocaux Sarnad s’essaye sur plusieurs registres, avec plus ou moins de réussite. Le chant Black Metal restant le plus maîtrisé.

L’assaut est donné sur « The Dreadful Martydom Of The Most Cruel ». Dès les premières secondes on se demande si nous ne sommes pas en train d’écouter un album de Graveland. Les structures et l’exécution étant similaires. Une fois cette impression passée, le titre accélère et les riffs nordiques résonnent de plus belle. On retiendra aussi « Towards Desolate Places My Wanderings Lead » débutant sur une guitare ambiante, glaciale et rapide. Le titre file, sur un embryon de mélodie des plus inspiré. « Dominants & Perpetuals Echoes Of Discouragement » se démarque par ses atmosphères inquiétantes, pouvant évoquer le courant BM dépressif. L’accélération se fait sur un mur rythmique et une mélodie bien singulière. Le somptueux final à la guitare claire, est doublé par une basse profonde. « The Harm Caused By The Most Baneful Of All Trees » est le titre le plus long de l’opus, flirtant avec les 9 minutes. Celui-ci sort du lot, grâce à l’introduction de chant clair et hurlé, tout le long du titre.

Avec son premier album, Amnion nous propose un Black Metal froid et old school, typiquement scandinave. Le trio ne révolutionne pas le style et n’invente rien, mais joue avec sincérité. Les musiciens rendent hommage et perpétuent une tradition musicale trop souvant mis à sac. Malgré une exécution exemplaire des titres et un feeling remarquable, cet opus risque comme beaucoup d’autres de finir noyé dans la masse des sorties True Black Metal. La distribution confidentielle via Oniric Records sera également une barrière.