Même le classicisme absolu peut révéler de petites pépites. Premier album d'un groupe qui s'arrêta seulement cinq ans plus tard, Gräfenstein a pourtant une existence plus conséquente avec quelques années d'underground tout en démos et une première vie en tant que Devasted, trio de thrash metal dans la grande tradition teutonne.
Car le thrash habite Gräfenstein. Le début de cet album respire un mélange bourrin (et un brin linéaire) entre Marduk "Opus IV", 1349 et Tsjuder. Déjà que ces formations cultes ont un bagage certain pour faire headbanger le déviant, les vieilles habitudes reprennent franchement, ça thrash, ça file et ça viande bien. Le rythme rappelle sacrément Sodom.
Mais il ne faut pas croire qu'il s'agit d'un mélange aussi référencé que standardisé. L'aspect black metal s'exprime toujours dans sa noirceur malgré une coolitude qui peut paradoxalement poindre le bout de son nez dans le rythme. Une production avec de la puissance, une atmosphère froide, des musiciens qui savent faire bouger bruyamment les cervicales. Un bon album d'art noir, pesé, emballé.