Kataxu fait partie de cette poignée de groupes représentant fièrement la scène obscure polonaise, aux cotés des Graveland, Infernum, Thor's Hammer, Fullmoon, Swastyka...etc. Si la présente démo n'est sortie que relativement récemment, en deux mille, elle recèle cependant toute la substance et la saveur des vieilles productions Est-européennes, avec cette production légèrement usée. L'atmosphère est terriblement occulte, grâce au mélange druidique de l'ensemble de l'instrumentation ; les guitares assurent le solide tapis sonore, par dessus lesquelles viennent se caler le jeu des fûts assommant et les nappes de clavier mystiques. Celles-ci permettent d'asseoir pleinement l'aura ténébreuse des compositions, comme plongé au coeur d'un rituel nocturne en terrain inconnu...
Notons l'utilisation de quelques samples assez peu coutumiers, caractérisés en particulier par des gémissements d'un nouveau-né, renvoyant probablement aux « fourteen words », au vu du livret guère plus explicite en la matière. D'ailleurs, cette référence à l'Enfant se ressent par les quelques passages où se greffe une sorte de carillon et de harpe, une ambiance espiègle contrastant vivement avec le déferlement animal des vocaux. Ces derniers sont l'un des points forts de la démo, plus qu'un simple vecteur parolier, l'outil vocal assume le rôle d'instrument à part entière tant il est travaillé. Il dégage une violence suintant sur les compositions telle une pourriture rongée par la vermine. L'humain affronte la bête...en se répondant successivement, voire en mêlant ces deux types d'hurlement, véritable performance si je puis me répéter.
Quelques mots enfin sur l'artwork plutôt riche pour une cassette, y sont figurées les paroles, et plusieurs photos en noir et blanc, dont une représentant une étrange dame blanche, perdue dans la nuit, collant assez bien avec l'esprit véhiculé par l'oeuvre.
Cette démo est donc surprenante en intégrant des éléments pas forcément prévisibles, mais au final le rendu est particulièrement intéressant, l'ambiance est irréelle, obscure et glaciale, un must pour qui apprécie un tant soit peu la bonne vieille scène polonaise.