De l'épaisse et persistante glace des grands Nords se détache une peinture sur bois ancienne d'un ange, crucifié par des clous rouillés par le temps, comme si la divinité avait dégagé ce recoin de glace par une chaleur mystique, pour se montrer de nos jours... C'est sur cette première approche visuelle que s'effectue la rencontre du premier album de Krynitza. Les russes pratiquent un Neofolk résolument tourné vers le passé par l'intermédiaire des compositions emplies de nostalgie. Les instruments appropriés au genre sont de rigueur : guitare acoustique, flûte et violon ; mais ceux-ci ne jouent pas dans le superflu, leur utilisation reste très sobre de manière à nous offrir une ambiance authentique, presque intime oserais-je dire : cette sensation privilégiée d'être au coin du feu en se laissant bercer par des histoires d'autrefois. Voix féminine et masculine se prêtent au conte, mais ont toutes deux des rôles différents : la première se contente de faire des lignes d'accompagnements nostalgiques, jouant ainsi davantage le rôle d'instrument supplémentaire ; à l'inverse, la partie masculine impose davantage sa présence, charismatique, typiquement slave, elle met en valeur cette si belle langue qu'est le russe. Dommage que l'album n'atteigne même pas la demie heure, on aurait volontiers continué le voyage en leur compagnie...

Bonne initiative de la part de Sonnenvolk / Stellar Winter d'avoir lancé Krynitza, pour leur premier opus « Angel », les russes posent d'une fort belle manière leur empreinte dans la scène folklorique, en délivrant un album à la fois sincère, mélancolique et vraiment touchant.