Metal extrême + gore et zombie ? Vous me répondrez tout de go Cannibal Corpse et Mortician.
Vu qu'il s'agit du premier pressage en format CD du groupe, il serait pertinent de s'arrêter un peu sur la genèse du groupe : Deux fans de death metal et de grind, Will Rahmer et Matt Sicher, décident de fonder leur groupe pour montrer au reste du monde que eux, ils aiment le vrai metal gouleyant qui pue le cadavre. En gros un metal aussi primaire que direct. Décembre 1989, après avoir porté pendant quelques mois le patronyme de Grindcore Casket, le groupe est rebaptisé Mortician en hommage au film « Phantasm ». Puis sort sa première démo enregistrée lors de répétitions pour démarcher les labels. Mais c'est en 1990, avec l'aide du guitariste John MacEntee d'Incantation que le groupe va commencer à vraiment décoller. 600 exemplaires de leur seconde demo va faire le tour de la planète metal, et leur premier EP Brutally Mutilated commence à faire du bruit. Will Rahmer, avait d'ailleurs fondé en 1987 la New-York Death Militia, un club qui aidait au développement de la scène death de la Grande Pomme.
L'enregistrement débute donc par le premier le premier EP du groupe : Mortal Massacre. Très justement placé en tête de la tracklist, le groupe dévoile enfin après 2 années d'efforts à répéter son plein potentiel ; Une introduction de presque trois minutes, du sampling en veux-tu-en-voilà, tout le catalogue des films d'horreur des années 70 et 80 y passent, presque à chaque titre. Une méthode influencée par le groupe Impetigo et qui deviendra la marque de fabrique du groupe. Déjà, on peut voir à quel point le son est un élément important de la musique de Mortician : bas, très bas, grave et aussi graisseux qu'une marmite de gigot à la mayonnaise périmée... On peut sans peine imaginer Roger Beaujard manier une guitare dont les cordes seraient des câbles électriques. On peut aussi noter cette batterie placée en retrait lors du mixage. Son rôle est plus celui d'un apport aux cordes emportées par ce groove cadavérique et ce son complètement cryptique, plus qu'un véritable instrument à part entière. Elle va d'ailleurs à toute allure sans se soucier des victimes au passage, notamment sur le titre phare "Mortician". Cette production donne l'impression par rapport aux enregistrements antérieurs de Mortician d'être plus synthétique, plus sous l'emprise des distorsions et réverbérations d'un mixage que l'on imagine sans mal être sous narcotiques, identité que l'on retrouvera dans chaque production de leur cru. Et La voix de Rahmer... Argh ! Plus primaire qu'un attardé mental sous amphétamines et aussi grave que les cris d'un zombie que l'on passe à la broyeuse... Elle se marrie d'ailleurs très bien aux guitares et au feeling particulièrement malsain. Mortician est vraiment né, de l'horreur, des morts-vivants, de l'hyper-violence bisseuse. Du groove frénétique et du blast. On sent néanmoins que la maîtrise n'est pas encore là mais cela reste un moment plus que sympathique. Fin de l'acte premier, j'ouvre une bière.
Enfin, on en vient à la dernière partie, et là, c'est le pack qu'il vous faut. Pas moins de deux sessions live vous sont offertes, avec deux batteurs différents, dont Matt Sicher pour le live de 1990 à Buffalo, et un autre pour celui de Détroit en 1992, avecGeorge Torres (qui officia pour Skinless) et Kyle Powell d'Engorge. On s'en fout royalement pour la bonne raison que pas grand chose, pour ne pas dire rien, ne distingue les deux enregistrements. On a donc une version live des morceaux de la demo et du EP qui reviennent pour certains deux fois. Une version très raw de la demo Mortal Massacre avec un rendu qui ne révèle pas très bien la présence scénique du groupe. Ok, cette cacophonie peut avoir un charme, les guitares ont l'avantage d'être bien sales, la voix grave, la batterie bien centrée... Mais le son souffre de l'inconvénient très handicapant de donner l'impression de distance, comme d'un fossé. Peu intéressant au final, dommage car Mortician n'est pas le groupe type qui passe sa vie sur les tournées, c'est le moins que l'on puisse dire...