Shining, ou l'art du mal-être absolu, où la dépression vient s'ajouter à votre mélancolie, votre prostration... Vous avez déjà écouté du Forgotten Tomb, du Ondskapt, Bethleem ou encore Bergraven qui reflètent l'élite du black metal dépressif et technique mais oubliez-les ! Shining, grâce à ce « IV - The Eerie Cold » devient tout simplement inégalable, à l'exception de Xasthur...

Shining n'est pas qu'un simple concentré de haine ou de dégoût de la vie, il est bien plus que ça, il est l'antithèse absolu de l' « heureux », du bonheur. Il est l'annihilation totale de ces sentiments du côté de la lumière humaine et vous plonge dans ceux des ténèbres de la bête qui sommeille au plus profond de nous.

Shining nous offre une vision nouvelle de son art, qui cette fois-ci, a atteint son paroxysme. Ce renouveau s'explique par une philosophie et une approche de la musique plus posée, plus réfléchie ; nous le voyons tout premièrement au nouveau style abordé niveau artwork : fini les visages ensanglantés, les simulations de suicide théâtraux... la pochette et le livret sont épurés et laissent place au noir le plus profond.

Laissons de côté l'aspect visuel de ce nouvel opus des maîtres suédois pour nous intéresser maintenant à sa musique. Tout comme le reste, elle est plus placide, plus soignée. Et ce qui diffère cet album du précédent (« III - Angst... ») est l'utilisation massive de guitares acoustiques qui rendent l'ensemble encore plus pervers et vicieux qu'auparavant ; Jamais une musique ne vous fera tant de mal que celle de Shining, toujours à l'exception de Xasthur, et de Nortt aussi...

Le premier titre s'ouvre anodine ment sur des samples de ce qui semble être de la pluie ou des parasites, puis une sublime guitare acoustique surgit, accompagnée par une batterie absolument parfaite, exécutée par Hellhammer (Mayhem, Arcturus...) Et c'est là où je souhaitais en venir : la batterie. Elle est irréprochable, atteignant un niveau de perfection tel que je ne l'ai encore jamais entendu. On pourrait même aller jusqu'à comparer le jeu d'Hellhammer à du jazz tant la technicité est élevée. Quand à la production en général, elle reste exemplaire, chaque instrument jouant au bon degré.
Les six titres constituant cette oeuvre ô combien si tourmentée (malheureusement trop courte du haut de ses quarante minutes) vous déstabilise à tel point que votre journée sera « foutue », que vos sens se noieront dans une mer de chagrin, et que finalement, une peur indicible et l'envie de mettre fin à vos jours vous guettera sournoisement.

A écouter forcément, le premier titre « Och Med Insikt Skall Du Förgå » qui se définit par une suite de riffs lancinants et tourmentés, se terminant par un magnifique épilogue orchestrant une douce guitare sèche et un piano discret mais suicidaire. Egalement, la cinquième piste « The Eerie Cold (Samvetskvalens Ridå Öppnades) » où seulement des cymbales, des fûts discrets mais précis, une basse et une guitare sèche jouent, pour votre plus grand désespoir, jusqu'à l'instant où Kvarforth lance un monologue, dotée d'une voix d'aliéné, vous enterrant définitivement sous terre?

Shining, au sommet de son art, le commencement d'une nouvelle ère, plus froide et tourmentée...

Une musique étrange, malsaine, glauque, malade mais surtout personnelle...