Il y en a eu, de l’attente ! Cinq ans ont passé depuis un Behold.Total.Rejection qui avait une nouvelle fois séduit les aficionados du genre black metal apocalyptique. Un court EP de huit minutes, sorti en 2018, n’avait pas suffi à calmer les appétits, et l’annonce d’un album longue durée l’année dernière amplifiait le sentiment de disette. Et lorsque Season of Mist catapulte sur les réseaux sociaux quelques amuse-bouches, les mêmes réactions reviennent : « Oh là là ! C’est toujours la même chose ! Que du bruit ! ». C’est comme s’habituer à une mise à jour logicielle ou à un nouvel album de Motörhead quand le père Lemmy était encore dans notre dimension. Oui, j’ose. Ça râle, mais les mêmes continueront à qualifier de grande année la nouvelle cuvée après écoute. Je dis cela car, en réalité, ce nouvel album nous surprend et foisonne de nouv… non, je rigole.
Faisons vite, faisons court : Revenge reste Revenge. Une fidélité sans faille à la violence, à la destruction et à un élitisme conquérant. C’était là depuis le premier album, et ça le restera encore pour un bon moment. Les blasts hystériques s’acharnent toujours autant à endiguer toute lueur d’humanité, tandis que les lourdeurs continuent, avec le même brio, à écraser les rares survivants. Un sentiment de redite ? C’est Revenge. Oui, on a le sentiment profond d’écouter des plans vraiment très similaires à Behold.Total.Rejection. Oui, les solos de Read sont toujours les mêmes. Oui, c’est toujours aussi primitif, sans fard et cacophonique. Et alors ? L’album précédent est clairement un des fleurons de la haine de la décennie 2010. Une nouvelle salve de missiles ne peut faire que du bien, pour être sûr.
Un album qui ne faiblit ja-mais. Toujours dans le headbang et le shoot d’adrénaline le plus pur. Après une première partie intense et rapide, qui ne laisse jamais respirer, la deuxième moitié impose encore plus de riffs mordants et de rythmiques sans pitié. Même en plein milieu de Lightning Mythos, comment ne pas ressentir l’urgence des tambours de la guerre finale ? Bom-bom-bom. La même chose sur Death Hand (Strike Dehumanization), puis sur le titre final de l’album, qui réaffirme à fond les influences grind que l’on entendait de plus en plus chez eux au fil des albums.
La production est, quant à elle, l’unique indicateur d’une éventuelle « évolution » des Canadiens, puisque l’on entend (ou distingue) enfin des riffs sur chaque titre. Cela n’altère pour autant en rien l’esprit bruitiste et primitiviste de leur art.
Si la hype en lasse un paquet, il faut être honnête et constater que la qualité reste une des constantes du duo Read/Vermin. Si vous n’avez écouté qu’un seul album du groupe, peu importe lequel, vous ne serez certainement pas surpris. Vous avez adoré ? Vous adorerez, et vous continuerez d’adorer. Les détracteurs, quant à eux, économiseront trente-sept minutes de leur existence et continueront à ne pas comprendre.