Dans les dernières années du deuxième millénaire, la scène extrême du Metal se trémoussait autrement qu’avec du pur Black Metal Norvégien. De ces années-là ont émergé aussi quelques groupes très certainement bien plus ambitieux, et joyeusement, en se tirant la bourre pour se détacher de l’infamie diabolique de leurs débuts qui les constrictait sans doute un peu trop, ils se métamorphosaient au fur et à mesure de leurs sorties. Tout en continuant à circonvoluer de temps à autre dans la sphère Black Metal au sens large, les SAMAEL, ROTTING CHRIST et MOONSPELL, tous trois toujours actif après plus de trente ans d’activité (respect total à eux !), ont pourtant sacrément évolué.
Les Portugais n’ont jamais été trop ma tasse de thé. Pourtant, je me souviens bien de cet album intrigant, découvert un peu plus tard, qui attisait tant ma curiosité : les fameux loups de "Wolfheart" (1995). Flanqué sur un T-Shirt d’un mec dont mes copains et moi avions fait connaissance lors d’une fête de la musique en 96/97, je me questionnais bien évidemment sur son contenu, moi, qui était déjà passé du côté obscur de la force depuis déjà un certain temps. Déjà passé du côté de chez Century Media avec ce premier album, quelque chose pourtant d’inquiétant me susurrait des mots perfides aux oreilles. Des vendus ? Si vite pensais-je ?. J’avais pourtant sacrément aimé le titre "Alma Mater" paru par chance sur l’un des premiers samplers du magazine Metallian. La déconvenue fut rapide lorsque je me fis prêter le fameux disque. Avec une bonne dose de grimaces, je terminai mon épreuve et rendit rapidement l’objet pourtant tant convoité. De fieffés vendus, oui c’est bien cela pensais-je et qui n’apporteront rien d’autre que de la fausse bidoche à la scène.
Plus tard, en remontant le fil du catalogue Adipocere Records et avec quelques recommandations supplémentaires, je jetai mon dévolu sur le premier EP du groupe à la pochette tout aussi caractéristique "Under The Moonspell" sorti en 1994. Et la claque en plus d’être frontale fut profonde. Le côté entraînant, un peu maladroit et assez mystique du premier titre, "Tenebrarum Oratorium (Andamento I - Erudit Compendyum) (Interludium - Incantatum Oequinoctium)", congédia tout le mal et les représentations amères que je m’étais obstiner de penser à propos des Portugais, et cet autre côté parfois arabisant et décalé – aux limites de l’expérimental – me plaisa beaucoup. Avec ce premier EP d’un peu plus de vingt minutes, il est aisé de ressentir la volonté du groupe d’aller loin et de performer leurs idées.
Travaillé de manière efficace, avec le concours aussi de musiciens, d’un chanteur et de deux chanteuses de session, les Portugais avaient bien mis toutes leurs chances de leur côté pour faire fructifier leurs ambitions et attirer l’attention des labels. Adipocere Records ne s’y étant pas trompé (comme souvent !), les Portugais vont pourtant très vite changer leur gamme, peut-être par opportunisme (le débat est ouvert !), pour se fourvoyer rapidement, "Irreligious" (1996) en est le premier exemple ("For A Taste Of Eternity" quel superbe titre tout de même ; encore un titre sur un sampler de Metallian), bien que "Sin / Pecado" (1998) – le disque suivant – sera bien plus clair sur le virage opéré.
En 2007, Century Media a été bien inspiré pour sortir un réenregistrement de "Under The Moonspell" en l’agrégeant à la démo originelle du groupe, "Anno Satanae" sortie en 1993. C’est d’ailleurs le seul album qui pour le coup trouve grâce à mes yeux. La maturité du groupe étant bien affirmée, la production puissante et claire aidant, et la technicité des musiciens à son acmé, "Under A Satanae" est un très beau dépoussiérage de la ferveur initiale des Portugais.