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Oxiplegatz - Fairytales
Chronique par Storm - Publiée le 28/10/2025
Oxiplegatz - Fairytales
Note : 3.5/6
Genre : Avant-Garde Futuriste
Année : 1994
Label : Fairytale
Pays : Suède
Durée : 01:04:02
Tracklist :
1.
Starseed
05:23
2.
Fairytale
02:43
3.
Northern Stars
03:15
4.
His Time Has Come
05:13
5.
I See It Now...
07:33
6.
Dark Millennium (There Shall Never Be Another Dawn)
04:26
7.
Conclusion
06:41
8.
Lust for Life
04:24
9.
Numb
05:11
10.
Departure
05:51
11.
Vision
04:54
12.
Adrift
04:32
13.
Oh No...
03:00
14.
Outro
00:56

Il est possible que vous connaissiez l’histoire d’Alf Svensson, le commandeur multi-tâches d’OXIPLEGATZ. Si je vous dis AT THE GATES, forcément vous savez de quoi il en retourne. Et si je vous dis qu’Alf a été aux avant-postes de la création du groupe, né sur les cendres du projet GROTESQUE, où il officiait en tant que guitariste depuis 1990 avec un certain Tomas Lindberg peut-être que je vous apprends finalement quelque chose. Lassé avant tout par les tournées de ce nouveau fer de lance suédois, et, le succès aidant, les futures à venir, Alf Svensson décide de claquer la porte pour prendre l’air et former un projet qui lui tient à cœur personnellement depuis longtemps et avec lequel il pourra exprimer ses créations les plus originales et polymorphes : son projet, OXIPLEGATZ.

En préambule, notez que tous les titres de ce premier album ont été composés entre 1986 (oui, vous avez bien lu !) et 1993, et que l’enregistrement de ce premier album oscille dans les mois de l’année 1992 sous la houlette d’un label créé par Alf pour l’occasion : Fairytale. Cela plante le décor et donne quelques pistes supplémentaires pour comprendre ce qui hantait et influençait déjà le jeune Alf bien avant d’intégrer un groupe. Pensait-il déjà à cet homo sapiens stellaris qui allait le préoccuper et forger sa base d’inspiration pour les albums à venir ? Volontiers fantasque dans ses compositions, mais surtout avant-gardiste avant l’heure, passant pour un illuminé aux yeux d’Anders Björler comme l’atteste une vieille interview, Alf Svensson avait néanmoins d’autres cordes à son arc, notamment ses qualités de graphiste, d’auteur de bande dessinée futuriste, de tatoueur et de dessinateur (les pochettes du "Heaven Shall Burn... We Are Gathered" de MARDUK, du "Terminal Spirit Disease" d’AT THE GATES, ou bien encore du "The Dynamic Gallery" de …AND OCEANS, c’est lui !).

Sa position stylistique, sa fibre artistique, son épanchement passionné pour l’univers de la science-fiction ainsi que pour l’astronomie ne pouvaient pas raisonnablement faire bon ménage au sein des groupes auxquels il a participé. Alf, s’il n’embrassait pas déraisonnablement comme tant d’autres pourtant l’ambition d’être dans la lumière et de devenir célèbre, souhaitait avant tout coucher sur le papier et produire dans les notes son projet ultime, mariant ainsi tous ces centres d’intérêt et ses compétences. "Fairytales" est ce premier essai un poil décousu et avant tout un assemblage de riffs et de mélodies, d’arrangements orchestraux et d’expérimentations diverses entre Electronica, Indus noisy, Death et Black Metal. L’univers de ce premier album est donc foncièrement original et varié. Les instrumentations sont riches, et ce ne sont pas les idées qui ont manqué à Alf pour composer. Cette esthétique globale d’"opéra futuriste" est tout de même assez prégnante et nous nous surprenons à l’écoute de certains titres à ressentir cette richesse immersive entre spatialité, univers parfois prog, et musique extrême. Les chants sont variés : entre ceux à proprement parler habituels dans le Death et le Black Metal, et d’autres alliant des chants clairs masculins et féminins (avec la très belle voix de sa compagne Sara Svensson), "Fairytales" est tout de même parfois déroutant et quelque peu approximatif sur les bords.

Toutefois, cet album a cette puissance de savoir me bercer et je l’écoute toujours avec beaucoup de respect et de curiosité, et ce malgré les années. Jetez donc une oreille à ce "Fairytales" ou, si vous voulez quelques raccourcis, à ces titres envoûtants que sont "Starseed", "His Time Has Come" (un titre génial, l’acmé de l’album), le voyageur "I See It Now…", "Vision" (avec son final à la cornemuse, je vous dis que cela !), ou bien encore le passionnant "Lust For Life", un peu Power dans l’âme. Certes, la pochette n’est ni fameuse ni avenante, mais accordez donc une heure de votre temps pour ce premier album de OXIPLEGATZ qui vous le rendra bien. Des disques de cet acabit, il n’en est pas sorti beaucoup et, en ces temps peroxydés, c’est peine perdue d’en voir paraître de nouveau. Ainsi soit-il !